
Salvador Nasralla, candidat à la présidence pour le parti libéral d'opposition, s'adresse à ses partisans à Tegucigalpa le 5 décembre 2025 © Orlando SIERRA / AFP
Au Honduras, le candidat libéral à la présidentielle Salvador Nasralla a dénoncé, lundi 8 décembre, un "vol" du scrutin en faveur de son rival Nasry Asfura, alors que le dépouillement a repris. Au point mort depuis plusieurs jours, le décompte des bulletins, qui restait bloqué à 88,6% samedi, a repris lundi.
Avec désormais près de 99% des bulletins dépouillés, Nasry Asfura, un homme d'affaires âgé de 67 ans, membre du Parti national (PN) et soutenu par Donald Trump, totalise 40,53% des voix, contre 39,16% pour Salvador Nasralla, selon le Conseil national électoral (CNE).
"C'est du vol", a lancé Salvador Nasralla sur X, dénonçant une manipulation du système informatique lors de ce dépouillement interrompu à plusieurs reprises depuis le scrutin du 30 novembre.
Le présentateur de télévision de 72 ans, membre du Parti libéral (PL), affirme que son parti avait une avance de 20% sur Nasry Asfura au moment d'une nouvelle interruption du décompte lundi.
Il exige un recompte "bulletin par bulletin" des procès-verbaux qui, selon lui, montrent un "schéma de fraude où la reconnaissance biométrique n'a pas été utilisée et où les procès-verbaux ont été rédigés de manière arbitraire".
De son côté, la présidente du CNE, Ana Paola Hall, a précisé sur X que des "mesures techniques nécessaires, accompagnées d'un audit externe", avaient été prises pour régulariser la situation.Mais
"Annulation totale"
Plus d'une semaine après les élections, il reste à vérifier 2 749 procès-verbaux de votes présentant des "incohérences" et représentant 14,5% des votes valides, a reconnu le CNE. Selon la loi, l'organisme a jusqu'au 30 décembre pour déclarer un vainqueur.
Les deux rivaux devancent largement la présidente sortante de gauche Xiomara Castro, du parti Libre, qui arrive en troisième position.
Ce parti a réclamé dimanche une "annulation totale" des élections, invoquant une "ingérence" des États-Unis, et a appelé à des mobilisations et grèves.

L'administration Trump a assuré lundi que le scrutin avait été intègre et qu'il n'y avait "aucune preuve crédible" justifiant son annulation.
Le dirigeant américain avait déclaré avant le scrutin un soutien sans équivoque à Nasry Asfura, qu'il considère comme un "ami de la liberté".
Il a parallèlement gracié le mentor du candidat conservateur, l'ex-président hondurien Juan Orlando Hernandez, qui purgeait une peine de 45 ans de réclusion aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Lundi, le parquet général du Honduras a demandé à Interpol de l'arrêter.
Le CNE a évoqué pour expliquer les suspensions du dépouillement des problèmes techniques au sein de l'entreprise privée chargée de la transmission et de la diffusion des résultats. Dimanche, Salvador Nasralla avait accusé "les corrompus" de compromettre le processus de comptage.
Marlon Ochoa, membre d'opposition du CNE, avait lui jugé qu'en raison de ces irrégularités ces élections étaient "les plus manipulées et les moins crédibles" de l'histoire démocratique du Honduras.
Samedi, les observateurs électoraux de l'Organisation des États américains (OEA) avaient demandé "une accélération" du dépouillement, dans ce pays de quelque 10 millions d'habitants.
Avec AFP
