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L'instant + : à Marseille, la Bonne Mère, prête à faire peau neuve
À Marseille, le travail de dorure a débuté pour donner un nouvel éclat à la Bonne Mère, l'une des dernières étapes de la rénovation de cet emblème de Marseille, avec un dispositif inédit. Une sorte d'atelier dans les airs a été crée pour "travailler hors pollution" et protéger la statue de la Vierge à l'enfant du sel de la mer. 
La restauratrice d'art Cyrielle D'Antoni travaille avec des feuilles d'or sur la statue de Jésus, à côté de la Vierge Marie, lors de la rénovation de la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille, le 3 septembre 2025. © Miguel Medina, AFP

Elle perçoit sa mission comme un "honneur". Accroupie à 220 mètres d'altitude sous une immense bâche, la restauratrice d'art Cyrielle d'Antoni dépose délicatement de fines feuilles d'or sur la main de l'enfant de la Bonne Mère. Ce délicat travail, en haut de la basilique de Notre-Dame de la Garde, est l'une des dernières étapes de la rénovation de cet emblème de Marseille.

Cyrielle d'Antoni, les cheveux recouverts d'or, passe sa palette sur sa joue pour créer de l'électricité statique et attraper plus facilement les feuilles d'or, avant de les déposer sur la statue. Elle époussète ensuite la surface avec une petite brosse.

L'instant + : à Marseille, la Bonne Mère, prête à faire peau neuve
La restauratrice d'art Cyrielle D'Antoni travaille avec des feuilles d'or sur la statue de Jésus, à côté de la Vierge Marie, lors de la rénovation de la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille, le 3 septembre 2025 © Miguel Medina, AFP

Munie d'un coussin à dorer fabriqué par ses soins, l'artisane des ateliers Gohard s'efforce de faire le moins de gaspillage possible en récupérant les quelques poussières qui n'ont pas adhéré, consciente du caractère précieux de la matière qu'elle manipule.

"Une fois qu'on a terminé l'époussetage, on vient passer un matage", explique la doreuse, "de l'eau avec un peu de gélatine alimentaire" permettant de lisser le peu de feuilles d'or qui restent.

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La restauratrice d'art Cyrielle D'Antoni travaille avec des feuilles d'or sur la statue de Jésus, à côté de la Vierge Marie. © Miguel Medina, AFP

Après la main de l'enfant Jésus, Cyrielle et ses collègues artisans s'attaqueront au visage, aux cheveux, au cou et au reste du corps de la statue, un travail qui devrait durer un mois environ.

A la vue époustouflante s'ajoute un murmure du vent soufflant dans les bâches au sommet de la basilique, que tout le monde surnomme ici la Bonne Mère.

Consciente de la portée symbolique de son travail dont des milliers de Marseillais attendent de voir le résultat, Cyrielle D'Antoni souligne l'"honneur" et le "plaisir" de travailler sur un site comme celui de la Bonne Mère : "je suis originaire de la région, donc ça me tenait vraiment à coeur de faire ce chantier".

Une peau neuve pour 50 ans

La statue faisant une dizaine de mètres de haut, jusqu'au sommet de sa couronne, un peu plus de 100 mètres carrés seront redorés, pour à peine 500 grammes d'or.

La précision nécessaire pour ce travail impose des conditions particulières : l'échafaudage est entièrement thermobâché afin de protéger la statue notamment du vent et de la chaleur.

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L'architecte Xavier David, en charge du projet de restauration de Notre-Dame de la Garde, devant la statue de la Vierge Marie. © Miguel Medina, AFP

Selon Xavier David, architecte en charge du chantier, cette opération est "historique" car "il n'y avait pas cet emballage" lors des travaux précédents, qui permet aujourd'hui de créer une sorte d'atelier dans les airs pour "travailler hors pollution".

Ce nouveau chantier a aussi été l'occasion de découvrir qu'à chaque restauration faite en plein air, la statue "récupérait du sel" de la mer.

D'après les spécialiste des ateliers Gohard, grâce à ce dessalement, la dorure de la statue ne devrait pas tenir 25 ou 30 ans, comme habituellement, mais plutôt 50 ans.

Xavier David se dit "d'abord saisi personnellement" , mais encore plus touché par "l'émerveillement de tous les visiteurs, des mécènes, des médias, des ouvriers".

Avant de lancer ces travaux, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, avait lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30 000 feuilles d'or qui seront nécessaires à l'ouvrage.

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Des feuilles d'or utilisées lors de la restauration de la statue de Jésus de la basilique Notre-Dame de la Garde, le 3 septembre 2025 à Marseille © Miguel MEDINA / AFP

Les travaux, qui concernent également le piédestal, les anges, et les façades, aura coûté environ 2,8 millions d'euros environ, dont 2,2 millions rien que pour la redorure.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, l'Olympique de Marseille ou le groupe de spiritueux Pernod Ricard, en plus des collectivités.

"Quand [la Bonne Mère] a été cachée à la vue dans cette bâche blanche, il y a des Marseillais qui s'en sont inquiétés", confie l'architecte.

C'est la raison pour laquelle des spots ont été installés "à la façon d'un coeur qui bat", pour les faire patienter avant qu'ils ne la retrouvent flambant neuve début décembre.

Avec AFP