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Serbie : grande marche silencieuse à Belgrade pour réclamer des élections
Des milliers de Serbes ont défilé lundi soir en silence dans les rues de Belgrade pour marquer les dix mois de l'accident mortel à la gare de Novi Sad et demander des élections. Il s'agit du premier grand rassemblement dans la capitale depuis les violentes manifestations d'août.
Des manifestants défilent lors d'un rassemblement antigouvernemental réclamant la tenue d'élections anticipées, à Belgrade, en Serbie, le 1er septembre 2025. © Darko Vojinovic, AP

Le mouvement de contestation ne faiblit pas en Serbie. Dix mois après la chute de l'auvent en béton de la gare de Novi Sad, qui a fait 16 morts dont des enfants, des milliers de Serbes se sont à nouveau rassemblés lundi 1er septembre dans la capitale Belgrade pour manifester contre le gouvernement.

Ce tragique accident survenu le 1er novembre dernier a provoqué une vague de colère parmi les plus importantes de l'histoire du pays.

Selon un décompte de la police, plus de 23 000 rassemblements ou blocages ont été organisés en dix mois – des petites manifestations aux manifestations massives à Belgrade qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes.

Les manifestants, emmenés par les étudiants qui ont pris la tête du mouvement, réclament justice et une enquête transparente sur l'effondrement de la gare, qui venait d'être rénové par un consortium d'entreprises chinoise, hongroise et française.

Pour l'heure, deux enquêtes ont été ouvertes, l'une sur les circonstances de l'accident et une autre sur le volet corruption du dossier. Dans le cadre de la seconde, le parquet pour le crime organisé de Belgrade a arrêté début août plusieurs personnes, dont un ancien ministre, soupçonnées d'avoir facilité un "gain illégal" de plus de 18 millions d'euros en faveur de deux entreprises chinoises en charge de la rénovation de la gare.

"Rien n'a changé"

Depuis mai, les manifestants réclament aussi des élections anticipées, ce que le président Aleksandar Vucic (droite nationaliste), réélu en 2022 pour un mandat de cinq ans, refuse, dénonçant régulièrement un complot étranger visant à le renverser.

"Dix mois, c'est long. Et pourtant, rien n'a changé", explique à l'AFP Lazare, 18 ans, lycéen à Belgrade, "alors j'attends ce que j'attends depuis dix mois, que la situation change, que la justice soit faite".

En grande majorité pacifiques, les manifestations ont été émaillées d'incidents violents plusieurs soirs de suite en août, lorsque des groupes de partisans du pouvoir, souvent masqués, s'en sont pris à des manifestants. Les deux camps se rejettent depuis la responsabilité des incidents.

Manifester "est la seule façon démocratique, civilisée, de se battre pour nos droits, et j'espère sincèrement que cela va marcher", explique dans le cortège Anja Misic, 46 ans. Les violences "auraient dû éveiller la défiance chez les gens – une défiance positive – qui leur ferait dire : 'Je ne laisserai pas faire. Si nous sommes nombreux, nous sommes plus fort que n'importe quel individu. Le peuple, c'est le pouvoir.'"

Avec AFP