Connue pour ses positions en faveur d'une réglementation plus encadrée des armes à feu aux États-Unis, la candidate démocrate, Kamala Harris, multiplie les allusions à son pistolet depuis quelques semaines. Une manière de rassurer l'électorat pro-arme qui lui échappe, à trois semaines de l'élection présidentielle.
À quoi joue donc Kamala Harris ? Fin septembre, la candidate démocrate à la présidentielle américaine a révélé sur le plateau d'Oprah Winfrey posséder une arme à feu : "Je suis la propriétaire d'une arme à feu. […] Si quelqu'un force l'entrée de mon domicile, il se fera tirer dessus", déclare-t-elle en rigolant.
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Accepter Gérer mes choixDe nouveau interrogée début octobre dans la prestigieuse émission "60 minutes" sur CBS, la vice-présidente des États-Unis a ajouté : "J'ai un Glock, et je l'ai depuis assez longtemps", précisant avoir déjà tiré avec le pistolet semi-automatique "sur un champ de tir".
Convaincre les indécis… et les hommes
Kamala Harris serait-elle devenue pro-armes à trois semaines de l'élection présidentielle ? Samedi, c'est son colistier Tim Walz qui s'est affiché avec son fusil Beretta lors de l'ouverture de la saison de la chasse au faisan dans le Minnesota.
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Accepter Gérer mes choix"C'est une façon de convaincre les indécis, sachant qu'aux États-Unis, les armes sont un symbole très fort d'un point de vue politique. Si les Américains veulent conserver leur droit à posséder des armes à feu, ce n'est pas uniquement pour l'autodéfense, c'est aussi pour garder la possibilité de prendre les armes contre un gouvernement qui deviendrait tyrannique", explique Didier Combeau, politologue spécialiste des États-Unis.
Il s'agit également d'une manière de séduire l'électorat masculin, qui serait davantage enclin à voter pour Donald Trump. D'après une enquête d'opinion publiée fin août par la chaîne CBS, 54 % des hommes disaient préférer Donald Trump, contre 45 % pour Kamala Harris. Consciente de ce retard, la candidate de bientôt 60 ans a publié samedi un rapport médical montrant sa "résistance physique et mentale" pour tenter de se démarquer de son rival, certes âgé de 78 ans, mais dont la rhétorique est entièrement basée sur la puissance et le virilisme.
Après avoir bénéficié d'une poussée dans les sondages cet été, notamment après la convention démocrate, Kamala Harris s'est stabilisée dans les sondages entre 2 et 3 points au-dessus (48,5 %) de son rival républicain, Donald Trump (46 %), d'après l'agrégateur de sondages américain fivethirtyeight.
Au moins une arme de poing
Si Donald Trump est connu pour son soutien au puissant lobby des armes, la National rifle association of america (NRA), Kamala Harris a régulièrement défendu ces dernières années une meilleure réglementation autour de l'achat des armes à feu aux États-Unis.
"Elle a la réputation d'être très ferme sur la question des armes, affirme Didier Combeau. Quand elle était procureure, elle avait fourni à la Cour suprême un rapport qui préconisait de décider que le second amendement [de la Constitution] ne garantisse plus l'accès aux armes."
Lors des primaires démocrates en 2019, Kamala Harris avait proposé d'interdire l'importation de fusils d'assaut type AK-47 ou AR-15. "Les armes d’assaut sont conçues pour tuer beaucoup de gens dans un laps de temps très court", soutenait-elle alors. Elle souhaitait également imposer des vérifications d'antécédents quasi universelles ou encore révoquer les licences des marchands d'armes qui enfreignent la loi. À l'époque, plusieurs fusillades sanglantes dans des écoles, comme celle de Parkland en 2018, avaient choqué le pays et ravivé les débats sur la question du port d'arme. En juillet 2022, après une nouvelle fusillade mortelle à Chicago, Kamala Harris avait appelé les Américains à se montrer "plus intelligent à l'heure de décider qui a accès à quoi, et en particulier aux fusils d’assaut".
Si l'ex-procureure continue de plaider en faveur d'un meilleur encadrement législatif, elle a abandonné son programme de rachat obligatoire des fusils d'assaut qu'elle défendait avec d'autres leaders démocrates lors de la primaire de 2019. "Les Américains sont majoritairement favorables à une meilleure réglementation concernant les armes à feu, mais ils veulent tous pouvoir garder une arme de poing, résume le politologue Didier Combeau. C'est à eux que Kamala Harris tente de s'adresser."
