Parmi les vidéos témoignant de l’attaque iranienne, certaines montrent que des missiles ont été interceptés le système de défense antimissile israélien, alors que d'autres ont explosé à l'impact.
Le 13 avril 2024, l'Iran avait lancé une première attaque sur le sol israéliens en représailles à une attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas, avec une combinaison de drones suicides, de missiles de croisière et de missiles balistiques. L’attaque du 1er octobre a elle été menée exclusivement à l'aide de missiles balistiques.
Contrairement aux missiles de croisière, qui conservent une altitude basse constante, les missiles balistiques suivent une trajectoire en arc de cercle, sortant et rentrant dans l'atmosphère terrestre. Cette trajectoire peut les rendre plus difficiles à suivre et à intercepter par les systèmes de défense. Par ailleurs, lorsque les missiles balistiques descendent, leur vitesse augmente considérablement en raison de l'accélération gravitationnelle, ce qui complique encore les efforts d'interception par rapport aux missiles de croisière.
“Les restes du propulseur ne laissent guère de doute”
Mais l’Iran a-t-il acquis la technologie des missiles hypersoniques ? Sur la base des images disponibles, Farzin Nadimi, expert de l'armement iranien au Washington Institute for Near East Policy, explique :
Il n'y a pas eu de communication officielle de la part du Corps des Gardiens de la Révolution (CGRI) sur les types spécifiques de missiles utilisés dans l'attaque contre Israël. Mais des sources et des médias proches du CGRI ont confirmé l'utilisation d'une série de missiles, dont le Qadr et l'Emad [des missiles balistiques à moyenne portée, NDLR], ainsi que le Kheybar Shekan ou le Fattah-1, tous deux classés comme “hypersoniques” par le CGRI.
En plus de ces affirmations, des preuves visuelles provenant des deux parties appuient cette évaluation. Les images publiées par l’Iran montrant les missiles en train d'être tirés, ainsi que les vidéos et les photographies de débris de propulseurs de missiles trouvés en Israël et en Jordanie, confirment l'utilisation de missiles Fattah-1 ou Kheybar Shekan. Par exemple, une comparaison des images officielles du missile Fattah-1 avec les débris du propulseur découverts en Israël révèle des schémas correspondants, ce qui laisse peu de doute sur le fait que le Fattah-1 a bien été utilisé lors des frappes.
"Les missiles hypersoniques sont beaucoup plus difficiles à intercepter"
La menace que représentent les missiles hypersoniques est double, principalement en raison de leur vitesse. Un missile hypersonique descend sur sa cible à une vitesse bien supérieure à celle des missiles balistiques conventionnels. La vitesse minimale pour qu'un missile soit considéré comme “hypersonique” est de Mach 5 [5 fois la vitesse du son, soit plus de 6 000 km/h]. En revanche, les missiles balistiques classiques ralentissent généralement à une vitesse inférieure à Mach 5 lors de leur entrée dans l'atmosphère. Les missiles hypersoniques sont donc beaucoup plus difficiles à intercepter, car les systèmes de défense antimissile ont beaucoup moins de temps pour réagir.
La vitesse plus élevée d'un missile hypersonique offre un avantage tactique évident à l'attaquant. Cette vitesse accrue se traduit par une plus grande énergie cinétique, amplifiant l'impact destructeur de l'ogive, ce qui permet d'obtenir une explosion plus puissante avec la même charge utile.
Une autre caractéristique essentielle des missiles hypersoniques est leur capacité à effectuer des manœuvres complexes à l'approche de la cible, ce qui leur permet d'échapper aux systèmes d'interception. Les missiles balistiques traditionnels, quant à eux, n'ont pas cette capacité ou ont une manœuvrabilité très limitée après leur rentrée dans l'atmosphère pour ajuster leur trajectoire et atteindre leur cible avec précision.
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Accepter Gérer mes choix"Le Fattah-1 pourrait se diriger vers sa cible à des vitesses allant jusqu'à Mach 13"
Selon cette définition, le missile iranien Fattah-1 peut être considéré comme une arme hypersonique. Plusieurs rapports suggèrent que le Fattah-1 peut se diriger vers sa cible à des vitesses allant jusqu'à Mach 13, équipé d'une aile et d'un moteur de dernier étage conçus pour déjouer les systèmes de défense.
Toutefois, malgré les affirmations du CGRI, le Kheybar Shekan ne peut pas être considéré comme un missile hypersonique à part entière. Sa vitesse en phase finale est d'environ Mach 4 et il n'a pas la capacité de manœuvrer lors de son approche finale. Cela dit, une vitesse de Mach 4 reste très rapide.
Des images circulant sur les réseaux sociaux en provenance d'Israël et montrant les frappes de missiles apportent des preuves supplémentaires. Dans certaines de ces vidéos, la vitesse extraordinaire des missiles, caractéristique d'un vol hypersonique, est clairement visible au moment où ils touchent leurs cibles.