Une congrégation de frères catholiques qui dirigeait autrefois jusqu'à 80 écoles dans la province canadienne du Québec fait face à une action collective pour des agressions sexuelles présumées commises pendant des décennies, selon des documents judiciaires publiés vendredi 20 septembre.
Plus de 87 personnes affirment avoir été victimes des Frères de l'instruction chrétienne dans plus de 20 établissements scolaires de la province.
Les documents soulignent que la congrégation était au courant des agressions sexuelles de leurs membres sur des enfants, mais qu'ils ont "préféré déplacer et protéger les agresseurs plutôt que d'aider les victimes".
Des agresseurs pour la plupart décédés
La majorité des faits s'est déroulée entre les années 1950 et 1970, a déclaré Me Antoine Duranleau-Hendrickx, l'avocat des plaignants, précisant que la plupart des agresseurs sont aujourd'hui décédés.
Le représentant du groupe de victimes, un homme de 76 ans dont l'identité est protégée par la justice, raconte avoir été agressé sexuellement à deux reprises par le frère Charles dans l'enceinte de l'école Sainte-Bernadette-Soubirous de Montréal en 1960, alors qu'il avait environ 13 ans.
Ce dernier était responsable des élèves et aurait abusé de la confiance de la victime pour tenter des attouchements en classe.
Plus tard, lors d'un cours de chant, le frère aurait obligé la victime à toucher ses parties génitales tandis qu'il se frottait à elle, selon les documents judiciaires.
Une autre victime, parmi les 30 ayant accepté de témoigner, raconte avoir subi des agressions sexuelles de manière répétée pendant deux ans par le frère Adrias qui dirigeait une autre école de Montréal. Il aurait agressé la victime dans son bureau une à trois fois par semaine entre 1961 à 1963, indique le témoignage.
Les Frères de l'instruction chrétienne n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Une enquête visant un influent cardinal, classée par le Vatican
Une autre action collective, lancée en 2022, regroupe 147 personnes disant avoir été "agressées sexuellement par plus d'une centaine de prêtres ou membres du personnel du diocèse, dont certains ont fait plusieurs victimes ou ont fait partie du haut-clergé de Québec".
L'influent cardinal canadien Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec âgé de 66 ans et membre du conseil consultatif du pape, y est soupçonné d'agression sexuelle sur une mineure à la fin des années 1980.
Niant ces accusations, il a repris en juillet ses fonctions, après que le Vatican a classé une enquête à son sujet qui n'a pas permis "d'identifier quelque geste d'inconduite ou d'abus de la part du cardinal".
Avec AFP