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États-Unis : les débats présidentiels qui ont fait basculer le vote des Américains
Rendez-vous incontournable de la campagne américaine, le débat télévisé entre les candidats à la Maison Blanche verra s'affronter mardi Kamala Harris et Donald Trump. L'abandon de Joe Biden puis la nomination de la vice-présidente sortante comme candidate des démocrates rend la joute périlleuse pour Kamala Harris, dont la prestation est extrêmement attendue. Or, depuis le premier duel du genre en 1960, plusieurs candidats ont joué leur élection dans cet exercice imposé.

L'une est une ancienne procureure, connue pour sa fermeté, l'autre un tribun confirmé, ancien animateur de téléréalité, friand des invectives. Kamala Harris et Donald Trump vont s'affronter mardi 10 septembre lors d'un débat inédit devant des millions de téléspectateurs, à quelques semaines seulement de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre.

Le face-à-face est d'autant plus attendu que l'ancien président républicain et la vice-présidente démocrate sortante se rencontrent pour la toute première fois dans ce format de duel télévisé. Leur confrontation est prévue à 21 h locales sur la chaîne ABC.

Donald Trump a l'expérience pour lui. Le tempétueux septuagénaire participe à son septième débat télévisé et a marqué les Américains par certaines de ses prestations passées. Son débat le plus mémorable étant son dernier, contre Joe Biden en juin : il avait précipité le retrait du président démocrate.

En face, une vice-présidente dont le dernier débat remonte à quatre ans face à Mike Pence, mais qui, lorsqu'elle était procureure puis sénatrice, a montré des grandes qualités de répartie et de fermeté dans les joutes oratoires.

Pour elle, la rencontre face à Donald Trump s'annonce périlleuse : selon un sondage publié dimanche par le New York Times, les électeurs américains "ne sont pas sûrs d'en savoir assez sur les positions de Kamala Harris", alors qu'elle a par ailleurs mis plusieurs semaines après son entrée en campagne avant de répondre à sa première interview.

Si leur impact sur le scrutin reste souvent limité, ces rendez-vous sont des moments forts de la campagne électorale, depuis le premier tête-à-tête télévisé organisé il y a 60 ans à Chicago entre John F. Kennedy et Richard Nixon. Retour sur les moments marquants de l'histoire des débats présidentiels aux États-Unis.

  • John Kennedy beaucoup mieux préparé que Richard Nixon (1960)

Pour ce premier débat présidentiel télévisé de l'histoire des États-Unis, le 26 septembre 1960 à Chicago, Richard Nixon n'est pas dans son élément. Le contraste entre les deux candidats à la Maison Blanche est saisissant : le jeune et fringant John F. Kennedy se montre à son aise devant la caméra, regardant profondément l'objectif et offrant des réponses claires et concises, tandis que le candidat républicain transpire et semble mal préparé pour ce nouvel exercice. Preuve de l'importance de la télévision : la plupart des 70 millions d'Américains ayant suivi le débat devant leur téléviseur ont estimé que John F. Kennedy, élu président des États-Unis quelques semaines plus tard, en était sorti vainqueur ; ceux ayant écouté le débat à la radio ont conclu l'inverse.

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  • L'énorme gaffe de Gerald Ford en pleine Guerre froide (1976)

Être président des États-Unis n'évite pas nécessairement les gaffes en matière de politique étrangère. Le président en exercice Gerald Ford en a fait la cruelle expérience en 1976 en répondant à une question sur l'influence soviétique en Europe de l'Est. "Il n'y a pas de domination soviétique en Europe de l'Est et il n'y en aura jamais sous une administration Ford", affirme-t-il, sous les yeux médusés du journaliste du New York Times Max Frankel. En pleine Guerre froide, cette remarque fait les choux gras de la presse pendant plusieurs jours et coûte probablement quelques voix au président sortant, finalement battu par Jimmy Carter le jour du scrutin.

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  • Ronald Reagan se sort d'une question embarrassante grâce à son humour (1984)

Âgé de 73 ans en 1984, Ronald Reagan est alors le président en exercice le plus âgé de l'histoire des États-Unis. Interrogé sur son âge et sur sa capacité à occuper la fonction alors qu'il se présente pour un second mandat, l'ancien acteur s'en sort par une pirouette : "Je ne ferai pas de la question de l'âge un élément de cette campagne. Je n'exploiterai pas, pour des raisons politiques, la jeunesse et l'inexpérience de mon adversaire", répond-il en tournant la question à son avantage. À ses côtés, le candidat démocrate Walter Mondale, alors 56 ans, rit jaune. "J'ai tout de suite compris que sa réplique allait me faire mal, explique-t-il dans une interview à PBS six ans plus tard. Si vous regardez les images, vous voyez que je souris, mais si vous regardez de plus près, vous verrez quelques larmes sur mon visage parce que je savais qu'il venait de marquer un point décisif." Réélu président, Ronald Reagan détient toujours le record du président le plus âgé de l'histoire des États-Unis.

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  • La faute gestuelle de George Bush face aux Américains (1992)

Le comportement peut aussi disqualifier certains candidats. Invités à répondre aux questions du public en 1992, les deux candidats Bill Clinton et George Bush ont une approche diamétralement opposée du débat. Sur certaines questions, le président républicain sortant peine à répondre aux citoyens qui l'interpellent et semble impatient d'en finir. Il regarde ainsi sa montre à plusieurs reprises. Son adversaire, en revanche, se montre à l'écoute des questions et fait preuve d'empathie. Une différence de taille qui a sans doute joué beaucoup dans la victoire de Bill Clinton quelques semaines plus tard.

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  • L'incompréhensible "approche" d'Al Gore près de George W. Bush (2000)

Les images se suffisent parfois à elles-mêmes, mais ce qu'a fait Al Gore en 2000 reste, 16 ans plus tard, toujours aussi incompréhensible. Alors que George W. Bush, debout, explique que "cette campagne ne porte pas sur notre philosophie, notre position sur certains sujets...", Al Gore se lève de son tabouret et s'approche de George W. Bush comme pour le provoquer. Bush regarde Gore, lui fait un rapide salut de la tête avec le sourire, et reprend sa phrase : "... mais sur qui est vraiment capable d'agir." Le public rit, le vice-président sortant est embarrassé. Sa chance ? Les réseaux sociaux et autres mèmes n'existaient pas encore en 2000. Il perdra malgré tout l'élection. Alors qu'il menait de huit points dans les sondages avant les trois débats, Al Gore est distancé de quatre points après ce troisième et dernier débat durant lequel il s'est approché maladroitement de son adversaire.

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  • Un débat qui vire à l'affrontement personnel entre Hillary Clinton et Donald Trump (2016)

Le deuxième round entre Donald Trump et Hillary Clinton en 2016 se révèle musclé. Un peu plus de 48 heures après la sortie d'une vidéo de l'homme d'affaires dans laquelle il tient des propos dégradants sur les femmes, le milliardaire commence par se défendre. Le candidat républicain répète ses excuses, tout en lançant des accusations envers Bill Clinton. Une heure trente avant le début du débat, il a convié des journalistes dans un hôtel où il est entouré de quatre femmes, dont trois accusent l'ancien président démocrate de les avoir agressées dans les années 1970 et 1990. Et il accuse Hillary Clinton d'avoir aidé son mari à les dénigrer.

Cette dernière réplique. Le Donald Trump de la vidéo, "c'est tout à fait lui", martèle-t-elle, rappelant que le magnat de l'immobilier s'en est aussi pris "aux immigrés, aux Afro-Américains, aux Latinos, aux handicapés". Tendu, parfois menaçant dans l'attitude, Donald Trump sort alors, une à une, toutes ses cartouches : courriels envoyés par Hillary Clinton depuis sa messagerie personnelle alors qu’elle était secrétaire d’État, drame de Benghazi, gaffe de la candidate sur les électeurs "pitoyables". Si le débat commence dans un climat d'extrême tension, les deux candidats ne se serrant pas la main, il s'achève finalement, de manière surprenante, sur une note plus apaisée. Hillary Clinton finit par affirmer qu'elle respecte les enfants de Donald Trump, et celui-ci salue sa combativité.

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Avec AFP