À Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée, la vie reprend au milieu des décombres vendredi matin après le retrait nocturne des troupes israéliennes. Au total, 36 Palestiniens y ont été tués par l'armée israélienne depuis le 28 août, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne. Depuis Haïti, Antony Blinken a exhorté Israël et le Hamas — qui ne cessent de s'accuser de bloquer les négociations — à finaliser l'accord de cessez-le-feu.
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Accepter Gérer mes choixLa vie reprend à Jénine au milieu des décombres, vendredi 6 septembre, après le retrait nocturne des troupes israéliennes de cette ville palestinienne du nord de la Cisjordanie occupée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Selon des habitants, les soldats israéliens se sont retirés dans la nuit de la ville et de son camp de réfugiés, bastion de groupes armés palestiniens en lutte contre Israël, après dix jours de réoccupation de cette zone autonome théoriquement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne.
Israël a lancé le 28 août une opération militaire "antiterroriste" dans plusieurs villes et localités palestiniennes du nord de la Cisjordanie, dont Jénine.
"Depuis une semaine et demie (l'armée, le Shin Bet -Sécurité intérieure- et les garde-frontières) mènent des activités antiterroristes dans la zone de Jénine", écrit l'armée israélienne dans un communiqué, sans pour autant annoncer la fin de son opération baptisée "Camps d'été".
Rues détruites, façades éventrées
"À ce jour, 14 terroristes ont été éliminés, plus de 30 suspects ont été arrêtés" à Jénine, ajoute le texte, précisant que "quatre frappes aériennes (avaient) été menées dans la zone".
"Les forces de sécurité israéliennes continuent d'agir pour atteindre les objectifs de cette opération antiterroriste", ajoute l'armée sans plus de précisions.
Selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, un total de 36 Palestiniens âgés de 13 à 82 ans ont été tués par l'armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie depuis le 28 août. L'armée a annoncé de son côté qu'un de ses soldats était tombé au combat à Jénine, le 31 août.
Un journaliste de Reuters a constaté que l'armée israélienne a laissé derrière elle des dégâts importants sur les infrastructures locales.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a pour sa part, via une déclaration publiée sur Facebook, accusé Israël de transférer en Cisjordanie occupée la destruction brutale et la dévastation menée dans la bande de Gaza.
Vendredi au petit matin, un lourd silence pesait sur le camp de réfugiés de Jénine avant que ne commencent à rentrer des personnes ayant fui les combats des dix derniers jours.
Des journalistes de l'AFP ont pu accéder au camp, véritable ville en dur, sans être bloqués par des barrages militaires.
Sur place, des bulldozers militaires ont détruit le bitume des rues et éventré des façades de bâtiments.
Pendant que certains restent assis en silence sur des chaises en plastique devant leurs maisons endommagées, et que de petits bulldozers s'emploient à déblayer des gravats, des jeux d'enfants reprennent dans les rues.
Aziz Taleb, 48 ans et père de sept enfants, constate lui les dégâts à l'intérieur de sa maison. "Dieu merci, dit-il, (les enfants) étaient partis la veille (du jour où les soldats ont fait irruption) pour s'installer chez des voisins".
Blinken plaide pour la finalisation de l'accord de cessez-le-feu
Jeudi, le chef de la diplomatie américaine, en déplacement à Haïti, a exhorté Israël et le Hamas palestinien à finaliser un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après que les deux parties se sont accusées mutuellement de faire échouer les négociations.
Avec le Qatar et l'Égypte, les États-Unis, principal allié d'Israël, déploient depuis des mois des efforts de médiation pour convaincre les deux camps de conclure un accord, près de 11 mois après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre. En vain.
Antony Blinken a confirmé les évaluations américaines selon lesquelles 90 % de l'accord était prêt.
"Il incombe vraiment aux deux parties de parvenir à un accord sur les questions restantes", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.
"Même si je pense que nous sommes près d'obtenir un accord de cessez-le-feu, chaque jour qui passe sans qu'il ne soit finalisé ni que les parties ne disent 'oui, point final' est un jour lors duquel quelque chose d'autre se produit (...) qui repousse simplement les choses et risque de faire dérailler une bien fragile" affaire", a mis en garde Antony Blinken.
Israël et le mouvement islamiste palestinien ne cessent de s'accuser de bloquer les négociations, à l'heure où l'armée israélienne poursuit son offensive de représailles meurtrières dans la bande de Gaza.
"Si l'administration américaine et son président veulent vraiment parvenir à un cessez-le-feu et conclure un accord d'échange de prisonniers, ils doivent abandonner leur parti pris aveugle pour l'occupation sioniste et exercer une véritable pression sur Netanyahu", a déclaré Khalil al-Haya, membre du bureau politique du Hamas basé au Qatar.
"Lignes rouges"
Depuis l'annonce dimanche de la découverte à Gaza des corps de six otages israéliens, tués à "bout portant" par le Hamas selon l'armée israélienne, Benjamin Netanyahu est soumis à une forte pression pour parvenir à un accord permettant la libération des otages encore retenus à Gaza depuis le 7 octobre.
Mais le Premier ministre reste inflexible, après avoir juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme un mouvement terroriste par les États-Unis et l'Union européenne.
Parmi les points d'achoppement pour un accord : le couloir de Philadelphie, une zone à la frontière entre Gaza et l'Égypte, dont Israël veut garder le contrôle, ainsi que le nombre et l'identité de prisonniers palestiniens devant être relâchés par Israël en échange des otages.
"Aucun accord n'est en cours de négociation", a déclaré Benjamin Netanyahu sur la chaîne américaine Fox News. "Malheureusement, nous sommes loin d'y parvenir."
"Ce que nous devons faire : premièrement, faire sortir les otages (...) Deuxièmement, maintenir les lignes rouges qui sont nécessaires à la sécurité et à la survie d'Israël, et les deux passent par le maintien (sous contrôle israélien) du couloir de Philadelphie, car cela met le Hamas sous pression, l'empêche de se réarmer et empêche Gaza de redevenir une enclave terroriste iranienne", a-t-il ajouté. L'Iran, qui soutient le Hamas, est l'ennemi juré d'Israël.
"Nous les forcerons"
Le Hamas insiste sur l'application en l'état d'un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui prévoit une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien partiel et de la libération d'otages, puis à terme un retrait total israélien du territoire.
"Nous n'avons pas besoin de nouvelles propositions", a répété Khalil al-Haya.
Lors d'une nouvelle manifestation à Tel-Aviv, Gil Dickmann, cousin d'une des six otages retrouvés morts à Gaza, a déclaré : "Nous ferons tout pour que tous les otages soient avec nous. Et si les dirigeants ne veulent pas signer un accord, nous les forcerons".
L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné dans son sillage la mort côté israélien de 1 205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.Les représailles israéliennes, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire dans la bande de Gaza assiégée, y ont fait 40 878 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. D'après l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants.
Avec AFP et Reuters