
Dans un rapport de 46 pages remis à l'ONU, Israël se défend d'avoir violé les lois internationales de la guerre lors de son offensive à Gaza entre décembre 2008 et janvier 2009.
AFP - Israël s'est défendu d'avoir violé les lois de la guerre il y a un an à Gaza dans un rapport officiel, remis vendredi à l'ONU, qui s'efforce de réfuter les graves accusations de la commission d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone.
Dans ce justificatif de 46 pages, rendu public dans la soirée par le gouvernement, l'Etat hébreu vante "l'indépendance et l'impartialité" du système judiciaire israélien et assure que son armée s'est conformée au droit international pendant l'Opération "Plomb Durci" à Gaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.
"La complexité et l'échelle de telles opérations entraînent inévitablement des erreurs tragiques et des fautes de jugement. De tels résultats, qui englobent la mort de civils et des dégâts matériels, ne veulent pas nécessairement dire que des violations de la loi internationale ont eu lieu", argumente le document.
Israël souligne avoir ouvert des enquêtes sur 150 incidents séparés, dont 36 font l'objet d'une enquête criminelle.
A ce jour, toutefois, un seul cas a donné lieu à une condamnation, selon un porte-parole de l'armée : un soldat a été puni de sept mois et demi de prison pour le vol de cartes de crédit.
"Je pense que ce rapport prouve à nouveau que Tsahal est l'armée la plus sérieuse et la plus responsable, qui opère de la façon la plus morale", a plaidé le ministre israélien de la Défense Ehud Barak dans un communiqué.
Déclenchée pour stopper les tirs de roquettes contre Israël à partir de la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, l'opération a fait 1.450 morts palestiniens et 13 côté israélien.
A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a reçu la réponse officielle du gouvernement israélien.
"Le secrétaire général a reçu une communication de la part du gouvernement israélien et il prépare sa propre réponse à l'Assemblée générale (de l'ONU) conformément à sa résolution" du 5 novembre 2009, a précisé son porte-parole.
L'Assemblée plénière de l'ONU avait adopté ce jour-là à une très large majorité une résolution donnant trois mois à Israël et aux Palestiniens pour ouvrir des enquêtes "crédibles" sur les allégations de crimes de guerre contenues dans le rapport Goldstone.
Aux termes de cette résolution, M. Ban est tenu de remettre un rapport à l'Assemblée d'ici au 5 février.
Jusqu'à présent, Israël n'a pas annoncé la création d'une commission d'enquête, que réclame l'ONU.
Le ministre de l'Information, Youli Edelstein, a affirmé cette semaine que son pays refuserait de créer une telle commission, mais le gouvernement israélien est partagé.
L'ex-conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazuz, a plaidé en faveur d'une commission afin d'écarter "l'accusation infamante de crimes de guerre".
Selon la presse, Israël pourrait accepter une commission aux pouvoirs limités qui se bornerait à examiner les consignes données par les chefs militaires et le gouvernement de l'époque, dans le but de disculper Israël.
Le rapport Goldstone, commissionné par l'ONU, recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël refuse d'ouvrir une enquête.
L'Etat hébreu craint que ses responsables politiques et militaires ne soient poursuivis par la justice internationale et éventuellement condamnés.
Les dirigeants israéliens n'ont eu de cesse de "décrédibiliser" le rapport Goldstone, qualifié de "partial et malhonnête".
Huit associations israéliennes de défense des droits de l'Homme ont pourtant exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à "établir sans retard un mécanisme d'enquête indépendant et impartial".
Maître de Gaza, le Hamas, lui, s'est absout de tout crime de guerre en soutenant que sa branche armée avait frappé "des cibles militaires et évité les cibles civiles" israéliennes.