Savourer "l'espoir" retrouvé du parti, rappeler que dans cette campagne folle face à Donald Trump, rien n'est gagné : Kamala Harris acceptera solennellement, jeudi 22 août, à Chicago, l'investiture démocrate.
La vice-présidente de 59 ans, après avoir électrisé son camp, veut s'adresser à l'Amérique tout entière, selon un responsable de son équipe de campagne, qui a requis l'anonymat.
"Il n'y a pas de deuxième chance pour faire une bonne première impression", note le politologue Larry Sabato. "Les électeurs ont vu le style Kamala. Maintenant il leur faut le programme Kamala."
Son discours arrivera en clôture d'une convention euphorique, voire franchement survoltée, qui a attiré chaque soir, quand les orateurs de marque montaient sur scène, des millions de téléspectateurs. "Quand Kamala va arriver sur la scène, la salle sera en délire", s'imagine Amanda Taylor, une déléguée du Missouri rencontrée mercredi soir. "Je suis prête !"
Kamala Harris va profiter de cette audience pour se présenter à un pays qui ne la connaît pas forcément très bien, après bientôt quatre années au poste ingrat de vice-présidente.
"Élection serrée"
La démocrate, née d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, évoquera son enfance dans la classe moyenne et ses engagements d'ancienne procureure de Californie, selon la source déjà citée. Elle opposera à son rival républicain, qui se dit seul capable d'arrêter le "déclin" du pays, une vision résolument optimiste du destin américain, selon son équipe de campagne.
Le site FiveThirtyEight, qui agrège des enquêtes d'opinion, donnait mercredi environ trois points d'avance à Kamala Harris sur Donald Trump dans les intentions de vote au niveau national.
Cet écart n'est en rien une garantie de victoire, à 74 jours d'un scrutin qui se jouera, comme en 2016 et 2020, dans une poignée d'États-clés.
Tant de choses peuvent se passer d'ici là. En quatre semaines ahurissantes, l'Amérique a bien vu son actuel président, Joe Biden, abandonner sa candidature, et son ancien président Donald Trump être victime d'une tentative d'assassinat.
Quel impact, par exemple, si le candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr jette l'éponge et apporte son soutien au milliardaire de 78 ans ? Selon les médias américains, il s'y prépare.
"Quelle que soit l'incroyable énergie que nous avons réussi à générer ces dernières semaines, ce sera une élection serrée dans un pays fortement divisé", a averti, mardi, l'ancien président Barack Obama.
Chez nombre de délégués démocrates, la dynamique balaye les incertitudes. "Je n'ai aucun doute, aucun, sur le fait qu'elle va gagner", a ainsi dit à l'AFP Edwina Martin, 60 ans, venue de New York.
"Liberté"
Dans cette bataille, Kamala Harris entend contester au Parti républicain la défense d'une valeur centrale de sa rhétorique, la liberté - en anglais, "Freedom", comme le titre de la chanson de Beyoncé devenue l'hymne de campagne de la vice-présidente.
"Quand les républicains parlent de liberté, ils parlent de la liberté pour le gouvernement d'envahir le cabinet de votre médecin, de la liberté pour les entreprises de polluer votre air et votre eau", a attaqué mercredi son colistier, Tim Walz. "Mais quand nous, démocrates, parlons de liberté, nous parlons de la liberté d'avoir une vie meilleure" et de "la liberté pour vos enfants d'aller à l'école sans avoir peur d'être abattus dans le couloir", a déclaré le gouverneur du Minnesota en acceptant l'investiture démocrate.
Répondant à ce discours, Donald Trump a qualifié Tim Walz d'"incapable" jeudi matin sur Fox News, répétant que sa rivale est une "gauchiste folle" qui veut faire basculer l'Amérique dans le "communisme".
Le milliardaire de 78 ans a une fois de plus attaqué la démocrate sur l'immigration, sujet au cœur de sa campagne et qu'il doit aborder jeudi lors d'un déplacement en Arizona, État frontalier du Mexique.
La Maison Blanche a aussi dénoncé, jeudi, les propos de Donald Trump, qui a désigné dans la nuit Josh Shapiro comme le "gouverneur juif" de Pennsylvanie.
"C'est antisémite, dangereux et blessant d'attaquer un compatriote en pointant du doigt, de manière péjorative, sa foi juive", a déclaré à la presse Herbie Ziskend, un porte-parole de l'administration Biden-Harris, estimant que le républicain réduisait le gouverneur démocrate à sa judéité en lui reprochant de ne rien faire pour Israël.
Avec AFP