L'infirmière mise en cause après la mort d'un enfant à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Paris a été mise en examen pour homicide involontaire et laissée en liberté. La jeune femme est sous le coup d'une interdiction provisoire d'exercer.
AFP - L'infirmière de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (XIVe) soupçonnée d'avoir causée la mort d'Ilyès, un enfant de 3 ans, en raison d'une erreur de perfusion, a été mise en examen pour "homicide involontaire" et placée sous contrôle judiciaire avec interdiction provisoire d'exercer.
Cette frêle jeune femme blonde de 35 ans est sortie livide du cabinet de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy. Elle était accompagnée du directeur de l'hôpital et d'un psychiatre et entourée de ses parents. Son avocate n'a pas souhaité s'exprimer.
L'infirmière avait été déférée dans l'après-midi au pôle santé publique du tribunal de Paris pour y être présentée à la juge d'instruction.
Celle-ci n'a retenu à son encontre qu'"une simple négligence, imprudence ou inattention", a indiqué une source proche du dossier.
Le parquet, qui avait ouvert en fin d'après-midi une information judiciaire, avait requis son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul et d'entrer en contact avec les personnels.
La juge a retenu ces demandes, allant au-delà en interdisant provisoirement à la jeune femme d'exercer sa profession.
La victime, un petit garçon prénommé Ilyès, avait été conduit mercredi par ses parents au service pédiatrique de l'hôpital pour une angine. L'enfant est décédé à 20H45 en réanimation après une subite aggravation de son état.
L'infirmière a reconnu lui avoir administré par erreur une perfusion du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à le réhydrater, ce qui pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque.
Il s'agit d'une soignante expérimentée qui exerce depuis onze ans, dont quatre dans l'établissement, a précisé une source judiciaire.
Selon une source proche de l'enquête, les deux flacons étaient extrêmement ressemblants avec un même bouchon et une même étiquette bleus même si les inscriptions, B46 pour l'un, et Chlorure de magnésium pour l'autre, étaient dissemblables. Et, surtout, le flacon de Chlorure de magnésium n'était pas à sa place. Il n'aurait jamais dû se trouver là, a-t-on affirmé de même source.
L'enquête judiciaire devra notamment déterminer le rôle exact du produit incriminé dans la mort de l'enfant. Le juge devrait également chercher à savoir si l'enfant aurait pu être sauvé après l'injection du produit.
Selon le parquet, le chlorure de magnésium n'est pas un produit dangereux en soi mais il pouvait l'être pour un enfant de cet âge avec un goutte à goutte réglé sur la base du produit initialement prévu.
Toutefois, selon une source proche du dossier, "aucune conclusion médicale ne peut être établie" pour le moment.
Jeudi, le père du petit Ilyès a reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite.
L'alerte après le constat de l'aggravation de l'état du petit Ilyès "a été donnée extrêmement rapidement" et "tout ce qui devait être fait a été fait", a répondu devant la presse Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP).
Dominique Giorgi, secrétaire général de l'AP-HP, a pour sa part indiqué que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre".
Jeudi, la garde à vue de l'infirmière avait été jugée "disproportionnée" par plusieurs syndicats hospitaliers qui ont dénoncé une dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux du fait d'un manque d'effectif.
La ministre de la Santé a réagi vendredi sur Europe 1 en regrettant "la récupération d'un drame aussi épouvantable".
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a jugé que "cette tragédie (confirmait) la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l'hôpital public".