Les médecins indiens ont poursuivi lundi 19 août leur grève nationale après le viol et le meurtre d'une jeune praticienne, qui ont suscité l'indignation à travers ce pays qui connaît un problème chronique de violences faites aux femmes. Des milliers de manifestants, dont des supporters de football, ont par ailleurs réclamé justice à Calcutta.
"Nous sommes avec les médecins (...), nous voulons la justice", ont scandé des manifestants, notamment des supporters de différents clubs de football de la ville, réunis malgré les pluies torrentielles de la mousson et des tentatives de la police de disperser le rassemblement.
Dans une exceptionnelle vague d'unité, les supporters de l'East Bengal FC et du Mohun Bagan ont défilé côte à côte lors d'un rassemblement nocturne qui s'est prolongé jusqu'aux premières heures de la journée de lundi.
"La cause est plus importante que notre club"
"Nous avons oublié nos rivalités pour faire cause commune et demander justice pour la médecin et sa famille", a déclaré Bablu Mukherjee, supporter du Mohun Bagan. "La cause est plus importante que notre club, et même plus importante que la politique", a-t-il ajouté.
Des centaines d'avocats, des femmes pour la plupart, se sont eux aussi joints aux manifestations à Calcutta, défilant vêtus de robes noires. "Pas de pitié pour les violeurs", pouvait-on lire sur une de leurs banderoles.
Si de nombreuses manifestations dans plusieurs villes du pays ont été menées à l'initiative des soignants, ceux-ci ont été rejoints par des dizaines de milliers d'Indiens de différents horizons.
Audience mardi
Samedi matin, l'Association médicale indienne (IMA) a intensifié le mouvement en décrétant une grève de 24 heures, excepté pour les urgences.
Les médecins des hôpitaux publics réclament la mise en œuvre du projet de loi sur la protection centrale (Central Protection Act) visant à prémunir les soignants contre la violence.
"Nous sommes déterminés à ne pas céder aux pressions qui nous poussent à garder le silence (...), les manifestations se poursuivront jusqu'à ce que justice soit faite", a déclaré Shreya Shaw, une médecin.
La Cour suprême de l'Inde s'est également saisie de l'affaire en supervisant le processus devant la Haute Cour de Calcutta, avec une audience prévue mardi.
Les violences sexuelles à l'encontre des femmes sont très répandues en Inde, avec en moyenne près de 90 viols par jour signalés en 2022 dans ce pays de 1,4 milliard d'habitants. Cette nouvelle agression a réveillé le souvenir du viol collectif et du meurtre dont avait été victime une jeune femme en 2012 dans un autobus de New Delhi.
Les médias indiens ont rapporté lundi l'arrestation de cinq personnes accusées d'avoir violé un enfant dans une gare routière de l'État d'Uttarakhand (nord).
Avec AFP