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JO 2024 – cyclisme : Benjamin Thomas résout le casse-tête de l'omnium et se pare d'or
De notre envoyé spécial au vélodrome olympique – Benjamin Thomas disputait jeudi 8 août l'omnium, une des disciplines reine dy cyclisme sur piste d'endurance. Le double champion du monde obtient une médaille d'or après une soirée parfaite et malgré une chute. Récit et explications sur l'un des formats les plus enthousiasmants mais aussi parmi les plus compliquées à comprendre.
JO 2024 – cyclisme : Benjamin Thomas résout le casse-tête de l'omnium et se pare d'or

Quatre courses, trois heures d'efforts, trois hommes sur le podium et parmi eux, Benjamin Thomas. Le Français a utilisé toute sa science pour survivre au marathon de l'omnium et offrir une médaille d'or à la France, trois ans après avoir échoué au pied du podium à Tokyo. Le double champion du monde connait par coeur toutes les subtilités de cette discipline complexe. Ce qui lui a permis d'enfin débloquer le compteur de la piste française, en panne depuis le début de Paris 2024.

Dans un sport, le cyclisme sur piste, qui regorge de règlements abscons, l'omnium fait figure de championne du monde de la catégorie. D'ailleurs, la speakerine de la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines ne s'embarrasse pas d'entrer dans le détail :"C'est le décathlon du cyclisme. On dispute quatre courses : le scratch, le tempo, l'élimination et la course aux points. On vous donnera  plus tardles détails de chaque."

En détails, il s'agit de la plus exigeante des disciplines d'endurance : un enchaînement de quatre courses – donc plutôt un quadriathlon en trois heures, ne laissant aucun répit pour la tête et les jambes. Il faut toujours faire les efforts pour rester placés, sentir la course pour placer ses attaques au bon moment et toujours avoir des yeux devant, derrière et sur les côtés de la tête pour surveiller ses adversaires. "Pointer", comme on dit dans le métier.

Le scratch et le dilemme du prisonnier

La première course, le scratch, est sur le papier la plus simple à comprendre : les 22 participants partent ensemble pour l'équivalent d'une course en ligne de 10 km. Le premier à franchir la ligne gagne. Simple, basique ? Sauf que les coureurs peuvent prendre des tours aux autres et donc être classés devant en cas d'arrivée en peloton.

A ce petit jeu, Benjamin Thomas n'est pas mauvais. Avec le Néerlandais Jan Willem van Schip, le Belge Fabio Van den Bossche et le Danois Nilkas Larsen, il fausse compagnie au peloton et prend un tour d'avance, avant de devancer ses compagnons. Pourquoi le peloton n'a rien fait ? L'illustration du dilemme du prisonnier. Tout le monde aurait intérêt à coopérer mais personne ne le fait par peur d'une trahison. Et condamne le groupe à la défaite

La course tempo et les sprints à gogo

La course tempo est encore assez abordable pour les cerveaux attentifs. Il y a encore 10 km à parcourir mais cette fois il y a un point offert à celui qui vire en tête à chaque tour – à l'exception des cinq premiers tours.

Avec ces règles, la stratégie la plus simple est de s'échapper et de parvenir à prendre un tour au peloton qui offre le jackpot de 20 points. C'était la stratégie de Benjamin Thomas qui a failli refaire le coup en courant derrière Fabio Van den Bossche. Seulement, le Français est regardé et marqué de près. Niklas Larsen refuse de le relayer, laissant le Belge faire main basse sur les points.

De dépit, Benjamin Thomas coupe son effort et passe la course dans le peloton à marquer ses principaux concurrents. A l'issue de la deuxième course, il est donc 4e.

L'élimination, bataille royale sur vélodrome

L'élimination est la bataille royale du vélo. Elle ressemble au scratch, sauf que la décision se fait par l'arrière. A chaque tour, le dernier coureur à franchir la ligne. Plus on survit longtemps, plus on a de points.

Benjamin Thomas sait ce qu'il a à faire. Rester au chaud le plus possible dans le "paquet" pour éviter les efforts et éviter de se faire enfermer derrière à un passage de la vide. Le plan se déroule sans accroc jusqu'à la 14e élimination. 

A première vue, il est annoncée perdant mais les commissaires décident de le repêcher en éliminant le concurrent colombien Fernando Gaviria, coupable d'avoir passé la ligne sur la bande bleue.

Benjamin Thomas qui avait déjà relâché sprinte alors pour recoller aux sept derniers qui ne fait pas mine de l'attendre. Heureusement, le chrono cafouille et lui laisse le temps de revenir pour gratter quelques places supplémentaires. Un sauvetage express qui lui permet de s'incliner seulement derrière Elia Viviani et Ethan Hayter et d'être à la deuxième place, avant l'ultime course. Avec la médaille d'or à portée de fusil. Surtout que l'Italien est finalement déclassé.

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La course aux points et à la médaille

Reste enfin la course aux points, la course reine de cette discipline reine : 25 km, 100 tours de vélodrome à effectuer avec deux manières de marquer des points : soit sur le sprint intermédiaire tous les 10 tours (5,3,2,1 points pour les quatre premiers), soit en prenant un tour au peloton qui donne le jackpot de 20 points. Et là, il faut s'être levé de bonne heure pour suivre.

Heureusement, c'est le métier de Benjamin Thomas et c'est aussi sa partie préférée comme il l'a confessé à l'Equipe. Celle où tout est possible, où on peut remonter d'un mouvement de "la sixième [place] au podium".

Dans le deuxième sprint intermédiaire, le Français passe à l'action. Il lance le sprint de loin pour se l'adjuger et profite d'un moment de flottement dans le peloton après la ligne pour s'échapper avec notamment Fabio Van den Bossche et le Portugais Leitao Uri, transformant la bataille pour l'or en match à trois.

Le match à deux se transforme en match à deux lorsqu'il suit son concurrent portugais et en profite pour prendre un deuxième tour au peloton. A trente tours du terme, Benjamin Thomas est en tête et n'a plus qu'à défendre ses autre points d'avance. Mais la glorieuse incertitude du sport s'en mêle. Le Français chute...

Cependant, les juges le laissent repartir sans impact sur son classement. Porté la foule, Benjamin Thomas trouve la force de s'imposer sur un sprint supplémentaire pour se donner de l'or. Il n'y aura pas de nouveaux obstacles à sa quête. Le Français a même le temps de célébrer sur la ligne avant de s'écrouler en larmes... de joie. 

Un omnium, c'est comme un Rubik's cube. Avec la bonne méthode, on le résout facilement.

JO 2024 – cyclisme : Benjamin Thomas résout le casse-tête de l'omnium et se pare d'or