Malgré la vive polémique dont elle fait l'objet, la boxeuse algérienne Imane Khelif continue son parcours aux Jeux olympiques de Paris. L'athlète a remporté, samedi 3 août, son quart de finale contre la Hongroise Luca Anna Hamori qui avait comparé l'Algérienne à un monstre sur les réseaux sociaux.
La boxeuse de 25 ans (1,78 m) a remporté aux points, sur décision unanime, son combat dans une salle de Villepinte comble et survoltée, acquise à sa cause avec la présence de nombreux drapeaux algériens en tribunes.
Grâce à cette victoire et à sa qualification en demi-finale, elle est assurée de remporter au moins le bronze, la première médaille de l'Algérie lors de cette olympiade. Elle combattra mardi la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng en demi-finale à Roland-Garros.
Un conflit entre le CIO et l'IBA
La victoire éclair de la boxeuse par abandon de son adversaire italienne Angela Carini a relancé, jeudi, la controverse sur son genre, la première ministre italienne Giorgia Meloni estimant que le combat "n'était pas sur un pied d'égalité". Depuis, elle ne cesse d'être alimentée. "Seules les concurrentes présentant des caractéristiques biologiques exclusivement féminines" doivent être "autorisées à concourir dans la catégorie femme", a déclaré, dans un communiqué, le comité olympique hongrois avant le quart de finale.
Dans ce dossier, le CIO et l'IBA ont adopté des positions différentes, sur fond de conflit profond et ancien, notamment pour des scandales d'arbitrages à répétition et des problèmes de gouvernance.
En 2023, la jeune femme issue d'un village pauvre à près de 300 km d'Alger, se hisse en demi-finale du championnat du monde à New Delhi. Mais elle est disqualifiée à la suite de tests d'éligibilité de genre organisés par la Fédération internationale de boxe (IBA), non reconnue par le Comité international olympique (CIO). L'IBA n'a pas précisé la nature de ces tests, réfutant toute mesure du taux de testostérone.
Pour le CIO, son éligibilité ne fait aucun doute. Elle peut participer aux Jeux. Mais l'exclusion de New Delhi refait surface quand l'Italienne Angela Carini abandonne dès les premières secondes de leur combat en 8e de finale à Paris.
"Mon enfant est une fille"
Le Comité olympique s'insurge contre la campagne de cyberharcèlement dont elle est immédiatement la cible. Se multiplient sur les réseaux sociaux les messages haineux, souvent empreints de racisme, la décrivant comme "un homme combattant des femmes". "Toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer", a estimé son entraîneur Mohamed Chaoua.
Son père n'approuvait pas son choix de faire de la boxe mais il est devenu l'un de ses plus grands fans. À un correspondant de l'AFP, ce soudeur sans emploi de 49 ans a confié sa fierté pour sa fille, "un exemple de femme algérienne, une des héroïnes de l'Algérie". Saluant "sa forte volonté au travail et à l'entraînement", il a balayé les insinuations sur son genre: "Mon enfant est une fille, elle a été élevée comme une fille, c'est une fille forte et courageuse".
Avec AFP