Lors du forum économique de Davos, la Grèce a dénoncé, par la voix de son Premier ministre, George Papandréou, les spéculations dont elle a été victime en tant que "maillon faible" de la zone euro.
REUTERS - La Grèce n’a sollicité aucun pays pour obtenir une aide et elle est la victime de spéculateurs déterminés à prendre pour cible le « maillon faible » de la zone euro, a affirmé jeudi son Premier ministre.
A l’occasion du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, George Papandreou a redit que son pays ne quitterait pas la zone euro et qu’il se servirait des règles de discipline budgétaire de l’Union européenne pour réduire son déficit public et mettre en oeuvre des réformes structurelles trop longtemps repoussées.
« C’est une attaque contre la zone euro par certains intérêts extérieurs, politiques ou financiers », a déclaré le Premier ministre, ajoutant que certains pays étaient utilisés comme des « maillons faibles ».
Le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a rejoint son point de vue, déclarant que ceux qui mettaient l’euro sous pression aujourd’hui s’étaient opposés à sa création au début des années 1990.
Les marchés financiers redoutent que la Grèce ne puisse plus être en mesure de rembourser sa dette, ce qui pèse sur la devise européenne et alimente les spéculations sur une possible sortie de la Grèce de la zone euro.
L’euro est tombé jeudi sous le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis juillet dernier, en raison notamment des inquiétudes suscitées par les problèmes budgétaires de la Grèce.
L’écart de rendement entre les obligations grecques et allemandes à dix ans a dépassé la barre des 400 points de base, atteignant un niveau sans précédent depuis 2001 et l’entrée du pays dans la zone euro.
Conséquences fatales
Le journal Le Monde a rapporté dans son édition datée de vendredi que plusieurs pays dont l’Allemagne et la France étudient les modalités d’un mécanisme de soutien à Athènes qui serait conditionné au fait que le gouvernement grec s’engage à amplifier son programme d’assainissement des comptes publics.
Mais Paris et Berlin ont démenti l’information.
« Il incombe à la Grèce d’assumer seule ses responsabilités pour la stabilité de la zone euro », a déclaré une porte-parole du ministère allemand des Finances. « Par conséquent, le gouvernement fédéral n’envisage pas d’aider financièrement la Grèce dans ses efforts pour surmonter sa situation budgétaire difficile. »
Interrogé sur les informations rapportées par Le Monde, le Premier ministre grec a assuré que son pays faisait exclusivement appel aux marchés pour trouver des capitaux.
« La réponse est très simple. Nous sommes allés (sur le marché) pour emprunter il y a deux jours et nous avons été cinq fois sursouscrits. Nous ne recherchons pas d’argent ailleurs », a-t-il dit.
Il a ajouté que la Grèce n’avait pas sollicité et n’avait pas besoin de prêts bilatéraux et il a démenti l’existence d’un accord avec la Chine pour l’achat d’obligations grecques.
Le Premier ministre a par ailleurs déclaré à la télévision Reuters Insider que la Grèce collaborait avec le Fonds monétaire international pour avoir des conseils mais pas pour obtenir une aide.
Plusieurs signes montrent que l’inquiétude suscitée par le dossier grec commence à avoir des répercussions sur d’autres économies connaissant également des difficultés à se remettre de la crise.
Les agences de notation ont demandé au Portugal de mettre au point des stratégies de long terme pour résoudre ses propres difficultés budgétaires, soulignant que la présentation cette semaine de son budget 2010 n’avait pas suffi à calmer leurs inquiétudes.
Plusieurs pays utilisant la monnaie unique européenne souffrent de faiblesses « dangereuses » qui pourraient avoir des conséquences « fatales » sur le reste de la zone euro, a prévenu jeudi le ministre allemand de l’Economie, Rainer Brüderle.