Le Royaume-Uni est secoué par de violents heurts depuis l'attaque au couteau contre des enfants dans laquelle trois fillettes ont été tuées, lundi 29 juillet, à Southport. Voici les principales questions qui entourent cette affaire, récupérée par l'extrême droite qui est accusée de s'en emparer pour semer le trouble.
Que s'est-il passé ?
Les violences ont commencé mardi soir à Southport (nord-ouest de l'Angleterre) où trois fillettes ont été mortellement poignardées. Un suspect de 17 ans, Axel Rudakubana, a été inculpé et placé en détention pour cette attaque.
Selon la police, 200 à 300 personnes se sont rassemblées après une veillée, s'en prenant à des véhicules, notamment de police, et jetant des projectiles contre une mosquée. Une cinquantaine de policiers ont été blessés.
Mercredi soir, d'autres villes ont connu des échauffourées, en particulier à Londres où les forces de l'ordre ont procédé à 111 arrestations.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées dans le quartier de Downing Street, où la police a dit avoir été confrontée à des "désordres violents".
"C'est une honte que certains aient cherché à exploiter cette tragédie pour justifier leur propre violence et leur propre délinquance", a déclaré le commissaire adjoint Matt Twist.
Qui est responsable ?
À Southport, la police a mis en cause des fauteurs de troubles arrivés de l'extérieur, en particulier des "soutiens" de l'English Defence League (EDL), un groupe d'extrême droite anti-islam.
Ce mouvement, considéré comme ayant des liens avec le milieu du hooliganisme, a été cofondé par Tommy Robinson, Stephen Yaxley Lennon de son vrai nom, il y a 15 ans.
Il s'est montré particulièrement prolixe sur les réseaux sociaux au sujet des événements de Southport, écrivant, entre autres, sur X : "Alors que le désordre se répand... ne dites pas que je ne vous avais pas prévenus".
À Hartlepool (nord-est de l'Angleterre) par exemple, le nom Tommy Robinson a été scandé pendant les heurts.
D'autres figures de l'extrême droite britannique se sont également montrées actives en ligne.
Le comédien devenu militant "antiwoke" Laurence Fox a partagé avec ses plus de 520 000 abonnés sur X le suivi des violences pendant la manifestation de mercredi soir dans la capitale britannique.
Le tout intervient près d'un mois après les élections législatives à l'issue desquelles le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage a recueilli 14 % des suffrages, l'un des scores les plus élevés pour un parti à l'extrême droite de l'échiquier politique britannique.
Cette figure de la campagne pour le Brexit a rassemblé autour de lui en s'en prenant à l'immigration, en particulier clandestine à travers la Manche.
Quelles ont été les réactions politiques ?
Nigel Farage, élu député pour la première fois le mois dernier, a été accusé de jeter de l'huile sur le feu à travers une vidéo dans laquelle il se demande "si on nous cache la vérité" au sujet de l'attaque survenue à Southport.
La vice-Première ministre Angela Rayner l'a accusé de répandre des "théories du complot".
L'ancien chef de la police antiterroriste Neil Basu a accusé Nigel Farage d'"aider" l'EDL et de donner de "fausses" raisons de s'attaquer à la police.
Le chef du gouvernement travailliste Keir Starmer a prévenu les émeutiers qu'ils subiraient "la pleine force de la loi" et a réuni jeudi les responsables de la police.
Quid des réseaux sociaux ?
Des plateformes comme X se voient abondamment critiquées, accusées de laisser se propager de fausses informations au sujet du suspect de l'attaque de Southport.
La circulation de rumeurs et d'informations non-vérifiées sur son identité, sa religion ou son origine ont contribué à alimenter les manifestations de colère liées à l'attaque, soulignent des experts.
"Ce qui s'est passé à Southport était juste l'étincelle qui a allumé des mois et des mois de désinformation" contre musulmans et immigrés, a expliqué à l'AFP Marc Owen Jones, un chercheur spécialisé dans les discours haineux.
Selon Andrew Chadwick, un chercheur spécialisé dans la désinformation à l'université de Loughborough, les événements ont souligné la nécessité pour les plateformes d'adopter une "meilleure approche" face à la "désinformation patente".
"La méfiance est à un tel niveau dans la société britannique, que ce soit vis-à-vis des médias, du gouvernement et des responsables politiques, que cela crée cet environnement qui est vraiment, vraiment difficile à gérer", souligne-t-il.
Avec AFP