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La mort d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, alimente les craintes d'embrasement
Le Hamas et l'Iran ont promis de venger la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué mercredi à Téhéran. Sans évoquer le leader du Hamas, Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël a porté "des coups sévères" à ses "ennemis" ces derniers jours. La communauté internationale s'inquiète d'une escalade au Moyen-Orient, la poursuite des négociations pour un cessez-le-feu est questionnée. Des rassemblements pro-palestiniens ont éclaté dans plusieurs pays, et notamment à Téhéran, Rabat, Tunis et Istanbul.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué mercredi 31 juillet à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l'Iran, qui ont promis de venger sa mort, faisant craindre un embrasement de la région en pleine guerre à Gaza.

Cet assassinat ainsi qu'une frappe israélienne qui a tué mardi le chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, près de Beyrouth, font redouter une contagion de la guerre qui fait rage depuis bientôt dix mois dans la bande de Gaza entre Israël, ennemi juré de l'Iran, et le Hamas, soutenu par Téhéran.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mercredi soir qu'Israël avait porté "des coups sévères" à ses "ennemis" ces derniers jours, en mentionnant explicitement l'élimination de Fouad Chokr.

"Nous avons éliminé le bras droit de Hassan Nasrallah", le chef du Hezbollah, "qui était directement responsable du massacre d'enfants", a-t-il déclaré à la télévision, évoquant la mort de 12 enfants et adolescents tués samedi par une frappe sur la partie du Golan syrien occupée et annexée par Israël. Le mouvement islamiste armé libanais a nié toute implication dans la frappe.

Israël n'a en revanche pas fait de commentaire sur l'attaque de Téhéran.

Une "dangereuse escalade" crainte

Après l'assassinat à 61 ans d'Ismaïl Haniyeh, qui vivait en exil au Qatar, les responsables iraniens ont unanimement désigné Israël, menacé d'un "châtiment sévère" par le guide suprême, Ali Khamenei.

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L'attaque "ne restera pas sans réponse", a affirmé Moussa Abou Marzouk, un responsable du Hamas.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est alarmé mercredi des attaques de Beyrouth et Téhéran, qui "représentent une dangereuse escalade", a déclaré son porte-parole.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence mercredi à la demande de l'Iran.

Les États-Unis, premiers alliés d'Israël, ont affirmé que les frappes à Téhéran et Beyrouth "n'aidaient pas" à faire baisser les tensions régionales, tout en estimant qu'il n'existait pas de signe d'une escalade "imminente" au Moyen-Orient.

La poursuite des négociations questionnée

Ismaïl Haniyeh avait participé mardi à Téhéran à la cérémonie d'investiture du président réformateur iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays est l'ennemi juré d'Israël et un allié du Hamas et du Hezbollah. Selon des médias iraniens, il "se trouvait dans l'une des résidences spéciales pour les vétérans de guerre dans le nord de Téhéran, lorsqu'il a été tué par un projectile aérien" vers 2 h locales (22 h 30 GMT mardi).

Ismaïl Haniyeh sera enterré vendredi à Doha après des funérailles officielles jeudi à Téhéran. L'Iran a décrété trois jours de deuil.

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a affirmé que les États-Unis n'avaient été ni "mis au courant" ni "impliqués" dans la mort d'Ismaïl Haniyeh.

Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne, après l'attaque sans précédent menée par le mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.

Principal médiateur dans les négociations sur une trêve à Gaza, le Qatar s'est interrogé sur l'opportunité de poursuivre la médiation. "Comment une médiation peut-elle réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie", a dit le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Antony Blinken a, de son côté, souligné que "l'impératif d'obtenir un cessez-le-feu (...) demeurait".

Des Israéliens se sont dits inquiets pour les otages retenus à Gaza, après la mort d'Ismaïl Haniyeh. "Cela met en péril la possibilité d'un accord" pour leur libération, a estimé Anat Noy, une habitante de Haïfa, dans le nord.

Des manifestations contre l'action d'Israël

L'Autorité palestinienne, la Chine, la Russie, la Turquie, la Jordanie, la Syrie, l'Irak et l'Algérie notamment ont condamné l'assassinat de Haniyeh, de même que les Houthis du Yémen et le Hezbollah, deux mouvements qui font partie, avec le Hamas, de ce que l'Iran appelle "l'axe de résistance" contre Israël.

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés mercredi à Téhéran, sur la place de la Palestine, agitant des drapeaux palestiniens et criant "mort à Israël, mort à l'Amérique", selon des correspondants de l'AFP.

En Jordanie, plus de deux mille personnes ont manifesté mercredi soir près de l'ambassade d'Israël à Amman pour protester contre l'assassinat de Haniyeh.

Ils étaient près d'un millier de manifestants réunis à Rabat (Maroc) et plus de 400 à Tunis (Tunisie) en solidarité avec le peuple palestinien et pour dénoncer la mort du chef du Hamas.

En Turquie, des milliers de personnes ont défilé mercredi à Istanbul, et une foule compacte s'est massée à l'extérieur de l'imposante mosquée du quartier conservateur de Fatih en scandant des messages hostiles à Israël.

La mort d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, alimente les craintes d'embrasement

L'attaque du 7 octobre menée par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée. L'offensive israélienne menée en riposte dans le territoire assiégé a fait jusqu'à présent 39 445 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d'indications sur le nombre de civils et de combattants morts.

Avec AFP