Quelques minutes après la fin de l’épreuve de saut d’obstacles, Stéphane Landois a bien du mal à cacher son émotion. Les yeux rougis, il savoure sa médaille d’argent remportée à l’issue du concours complet, lundi 29 juillet, avec Karim Laghouag et Nicolas Touzaint, ses deux coéquipiers en équipe de France.

"On en a rêvé. On a travaillé pour cela. Passer la ligne d’arrivée avec la médaille autour du cou devant toute la France, on est aux anges", lâche-t-il devant les journalistes qui se pressent autour de lui.

"J'ai fait tout cela pour elle"

Dernier à passer l'épreuve, le cavalier nantais a fait tomber un obstacle et a très légèrement dépassé le temps imparti pour finir avec 4,80 points de pénalité, mais cela a suffi pour assurer la deuxième place aux Français, juste derrière les Britanniques et devant les Japonais. Il a alors laissé éclater sa joie sous les applaudissements nourris du public venus en nombre pour assister à cette compétition prestigieuse, puis il a versé quelques larmes.

En cet instant, le vice-champion olympique n’a eu qu’une seule pensée envers une amie disparue. "J’ai pensé à Thaïs tout le temps ce weekend, j’étais là pour elle, j’ai fait tout ça pour elle, avoir cette médaille pour elle aussi", décrit-il la gorge serrée par l’émotion.

Stéphane Landois a en effet participé au concours complet avec Chaman Dumontceau, le cheval que son amie Thaïs Méheust, âgée de 22 ans, montait au Haras du Pin (Orne) en septembre 2019, durant l'épreuve de cross-country au cours de laquelle elle a accidentellement trouvé la mort après avoir chuté sur un obstacle.

"On était trois aujourd’hui", souligne le cavalier. "Au quotidien, tous les matins quand je me lève je pense à elle et cela me donne de la force", ajoute-t-il toujours très ému.

"J'ai essayé de reprendre le projet de Thaïs"

Sélectionnée et médaillée à de nombreuses reprises lors des Championnats d'Europe poneys, juniors et jeunes cavaliers, Thaïs Meheust était l'un des grands espoirs de l'équitation française. Après sa disparition, Stéphane Landois a repris et entraîné le hongre gris de 12 ans. C'est sur sa selle qu'il a disputé les épreuves de dressage, de cross-country et de saut d'obstacles du concours complet à Versailles.

"Ce cheval a une histoire particulière. Tout le monde le sait. J’ai essayé de reprendre le projet de Thaïs qui était de venir aux JO avec ce cheval", raconte-t-il.

Dans les tribunes du château de Versailles, les parents de la jeune cavalière ont suivi avec attention et fierté le parcours de l’ami de leur fille : "Ils étaient là aujourd’hui, son père et sa mère. C’est juste formidable. J’ai essayé de faire cela pour elle et pour eux."

Le cavalier français se souviendra longtemps de ces émotions et de ces Jeux olympiques si particuliers. Les épreuves se sont en effet déroulées dans le cadre somptueux du château de Versailles et de son parc.

Tout en regardant le saut d’obstacles, les spectateurs ont pu admirer le Grand Canal. "Forcément ce sont des jeux qui sont uniques. Galoper dans le château de Versailles, c’est quelque chose qui ne s’est jamais fait et qui je pense ne se refera jamais", résume Stéphane Landois. "C’est une médaille qui va rester gravée pour tous les Français."