Trois ans après avoir été éliminée au premier tour lors des Jeux de Tokyo, la judokate française Shirine Boukli s'est rattrapée en décrochant le bronze à Paris. Grâce à cette médaille, elle est devenue la première athlète tricolore récompensée lors des Jeux olympiques 2024.
Triple championne d'Europe (2020, 2022, 2023) dans la catégorie des moins de 48 kilos, Shirine Boukli était attendue à Paris. Même si elle n'a pas décroché l'or qu'elle convoitait, la judokate française, âgée de 25 ans, n'a pas failli à sa mission en remportant, samedi 27 juillet, le bronze lors de la première journée du tournoi de judo face à l'Espagnole Laura Martinez Abelenda au golden score. Elle est également entrée dans l'Histoire en devenant la première athlète française médaillée des Jeux olympiques 2024.
Parvenue brillamment en quart de finale, Boukli a été battue par la grandissime favorite japonaise Tatsumi Tsunoda par ippon, mais cette défaite lui a donné droit à un combat de repêchage, contre la numéro un mondiale Assunta Scutto, battue elle aussi en quarts.
Grâce à un soutien inconditionnel et tonitruant du public, Boukli a dominé l'Italienne d'un court avantage (waza-ari) et s'est qualifiée pour le combat pour la médaille de bronze lors duquel elle a dominé l'Espagnole Laura Martinez Abelenda.
Se relever après la désillusion de Tokyo
Il y a trois ans, au Japon, elle avait vécu la plus "la plus grande désillusion de (sa) carrière" comme elle l'avait confié à l'AFP quelques jours avant le début des JO.
Pour se relever, la native d'Aramon, dans le Gard, a refusé de "s'apitoyer" sur son sort: "Je ne pouvais pas m'arrêter à ça, je suis du genre à vouloir tout le temps rebondir". Cet "échec" lui a permis de "grandir et d'accomplir plein de choses": déjà championne d'Europe 2020, elle a récidivé en 2022 et 2023 et a pris l'argent aux Mondiaux-2023.
Dès ses débuts à quatre ans dans le club ouvert par son oncle, l'énergique Shirine a "kiffé le judo": au début "c'était pour copier un petit peu mon père", qui pratiquait cet art martial japonais. "Et après avec mes frères, c'était notre moyen de s'amuser, de se dépenser, de se bagarrer aussi".
Ses parents l'ont soutenue dans ce "jeu" qui prenait de plus en plus de place: "Il fallait m'emmener à droite à gauche, il fallait croire, aussi, au discours d'une petite de 14 ans... et ils y ont cru à fond".
"Mini-corps"
Du pôle Espoirs de Montpellier au pôle France de Marseille puis à l'Insep, lieu de rendez-vous de l'excellence sportive, l'athlète d'1,56 m a gardé un surnom, "Mini-corps": "J'ai toujours été dans les petites catégories, j'avais une petite tête, des petites jambes, je n'étais pas musclée, c'est resté".
Depuis petite et encore aujourd'hui, quand elle enfile le kimono c'est pour vivre "un moment de détente, de relâchement, qui permet de tout extérioriser". Une sensation qu'elle "essaye de provoquer pour pouvoir être vraiment déterminée" lors d'un combat.
Grande soeur de trois frères, Boukli a "un rôle différent" chez les Bleues, étant la plus jeune avec Romane Dicko, 24 ans. "Même si j'aime avoir un rôle de leader, je suis respectueuse des anciennes, ce sont des modèles, des filles inspirantes qui sont championnes du monde", a-t-elle résumé en faisant référence à Clarisse Agbégnénou, Marie-Eve Gahié et Madeleine Malonga.
Shirine Boukli leur a en tout cas montré la voie. A Paris, l'équipe de France de judo, qui est très attendue, a un objectif de dix médailles.
Avec AFP