logo

À Rio, le G20 s'engage à "coopérer" pour taxer les super-riches
Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20 se sont engagés à coopérer pour que les grandes fortunes mondiales soient imposées de manière efficace, dans leur première déclaration commune publiée vendredi. Mais ils ne sont pas allé jusqu'à s'accorder sur un impôt mondial. La France s'est positionné pour une taxation internationale des super-riches, mais les États-Unis ont rejeté des négociations internationales sur le sujet.

Les pays du G20 se sont engagés, vendredi 26 juillet, à Rio de Janeiro à "coopérer" pour que les super-riches soient davantage taxés, au nom de la lutte contre les inégalités, mais sans aller jusqu'à s'accorder sur un impôt mondial.

Le sujet a dominé une réunion de deux jours des ministres des Finances du groupe formé par les 19 plus grandes économies mondiales, l'Union européenne et l'Union africaine. Ce rendez-vous devait préparer le sommet entre chefs d'État et de gouvernement du G20 prévu les 18 et 19 novembre, également à Rio.

Poussée par le Brésil du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, à la tête du G20 cette année, l'idée de créer un impôt minimum sur les plus fortunés n'a pas fait consensus, mais un compromis s'est dégagé pour inciter chacun à davantage les taxer.

"Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous nous efforcerons de coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées", est-il indiqué dans une déclaration sur la "coopération fiscale internationale" publiée à l'issue des travaux.

La France pour une taxation internationale des super-riches

Le texte souligne que "les inégalités de richesse et de revenu compromettent la croissance économique et la cohésion sociale et aggravent les vulnérabilités sociales", et prône des "politiques fiscales efficaces, équitables et progressives".

Outre le Brésil, la France, l'Afrique du Sud, l'Espagne et l'Union africaine soutenaient une taxation internationale des super-riches. Mais les États-Unis ont rejeté des négociations internationales sur le sujet : s'ils souhaitent que les plus riches paient leur juste part, ils considèrent que la fiscalité est d'abord l'affaire de chaque pays.

Le ministre brésilien des Finances Fernando Haddad a cependant affiché sa satisfaction. "Du point de vue moral c'est quelque chose d'important que les vingt nations les plus riches considèrent que nous avons un problème qui est d'avoir une fiscalité progressive sur les pauvres et non sur les riches", a-t-il dit lors de la conférence de presse de clôture.

Le FMI applaudit

Présente à Rio, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva a salué la position du G20 en faveur de la "justice fiscale", jugeant "opportune et bienvenue" la décision de coopérer en vue d'imposer les plus riches.

Auteur d'un rapport sur le sujet à la demande du Brésil, l'économiste français Gabriel Zucman s'est réjoui que "pour la première fois dans l'histoire, les pays du G20 s'accordent à dire que la manière dont nous taxons les super-riches doit être modifiée".

La déclaration publiée vendredi évoque des échanges de bonnes pratiques et la conception de mécanismes de lutte contre l'évasion fiscale, afin de lancer la coopération internationale en matière fiscale.

"Il est temps d'aller plus loin maintenant", a réagi le prix Nobel d'économie américain Joseph Stiglitz, exhortant les chefs d'État et de gouvernement à donner d'ici novembre un mandat pour des normes minimales coordonnées.

Pour l'ONG Greenpeace qui a qualifié le consensus de vendredi d'"historique", "il s'agit d'une étape importante pour le G20 qui reconnaît pour la première fois la nécessité de taxer les super-riches".

Avec AFP et Reuters

Tags: Inégalités,