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L'armée a largement investi les rues de plusieurs villes du Bangladesh après une nouvelle journée d'affrontements meurtriers entre les étudiants protestataires et la police, qui a incité la Première ministre Sheikh Hasina à annuler ses visites à l'étranger. Au moins 105 manifestants ont été tués dans des heurts cette semaine, et près de 300 policiers blessés dans la capitale Dacca pour la seule journée de vendredi.

Le gouvernement bangladais joue probablement sa dernière carte, samedi 20 juillet, en déployant l'armée dans les rues des grandes villes pour ramener le calme après une nouvelle journée d'affrontements meurtriers entre les étudiants protestataires et la police. La Première ministre Sheikh Hasina a décidé d'annuler ses visites à l'étranger pour essayer de reprendre la main après la mort cette semaine d'au moins 105 personnes, selon un décompte de l'AFP établi auprès de sources hospitalières. Près de 300 policiers ont été blessés à Dacca dans des affrontements vendredi, selon un porte-parole de la police. Dans ces circonstances, le retour à l'ordre est un défi de taille pour le gouvernement autocratique de Mme Hasina après 15 années au pouvoir.

Un couvre-feu gouvernemental est entré en vigueur à minuit dans la nuit de vendredi à samedi et le bureau de la Première ministre a demandé à l'armée de déployer des troupes, après que la police a de nouveau échoué à maîtriser les troubles.

"Le gouvernement a décidé d'imposer un couvre-feu et de déployer l'armée pour aider les autorités civiles", a déclaré à l'AFP l'attaché de presse de Mme Hasina, Nayeemul Islam Khan.

Les rues de la capitale Dacca étaient presque désertes à l'aube, des troupes à pied et des véhicules blindés de transport de troupes patrouillant dans cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d'habitants.

Plusieurs conducteurs de pousse-pousse du centre-ville qui ont ignoré l'ordre de ne pas partir en maraude ont été priés par la police de rentrer chez eux.

Le couvre-feu restera en vigueur jusqu'à 10H00 (04H00 GMT) dimanche, a rapporté la chaîne privée Channel 24.

Mme Hasina devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique, mais elle a renoncé à son projet après une semaine d'escalade de la violence.

"Elle a annulé ses visites en Espagne et au Brésil en raison de la situation actuelle", a déclaré Nayeemul Islam Khan à l'AFP samedi.

"Intolérance absolue" 

Les manifestations sont quasi quotidiennes depuis début juillet.

Elles visent à obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment aux enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971 et favorisent les proches du pouvoir.

De nombreuses voix affirment que le programme bénéficie aux enfants issus des groupes pro-gouvernementaux soutenant Mme Hasina, 76 ans, qui dirige le pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote sans véritable opposition.

Le gouvernement de Mme Hasina est accusé par les groupes de défense des droits de l'homme d'utiliser abusivement les institutions de l'Etat pour asseoir son emprise sur le pouvoir et éradiquer la dissidence, notamment par l'assassinat extrajudiciaire de militants de l'opposition.

Les tirs de la police sont à l'origine de plus de la moitié des décès signalés depuis le début de la semaine, d'après les descriptions fournies à l'AFP par le personnel hospitalier.

"L'augmentation du nombre de morts est une preuve choquante de l'intolérance absolue dont font preuve les autorités bangladaises à l'égard des protestations et de la dissidence", a déclaré Babu Ram Pant, d'Amnesty International, dans un communiqué.

Les autorités ont imposé jeudi une coupure nationale d'internet qui reste en vigueur, entravant gravement les communications à l'intérieur et à l'extérieur du Bangladesh.

Avec AFP