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Après la déception des législatives, Marine Le Pen juge que la victoire du RN "n'est que différée"
Marine Le Pen a estimé dimanche que la victoire du Rassemblement national, arrivé en troisième position à l'issue du second tour des élections législatives, n'était "que différée". Son parti dénonce le "barrage" et juge la nouvelle assemblée "ingouvernable".

Le Rassemblement national (RN) ne s'avoue pas vaincu au soir du second tour des législatives, dimanche 7 juillet, qui l'ont placé en troisième position. 

"La marée monte. Elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée", a déclaré Marine Le Pen sur TF1, ajoutant : "J'ai trop d'expérience pour être déçue par un résultat où nous doublons notre nombre de députés", faisant du Rassemblement national "le premier parti" en termes de sièges.

Le parti à la flamme engrange de nouveaux élus, avec 143 députés, contre 89 en juin 2022. Mais il reste derrière le Nouveau Front populaire (182 députés) et le camp macroniste, crédité de 168 députés, alors que des sondages avant le premier tour lui donnaient la majorité absolue.

"Le Rassemblement national incarne plus que jamais la seule alternance", ajoute son président Jordan Bardella, promettant que son parti ne tomberait dans "aucune compromission politicienne". "Ce soir, tout commence, un vieux monde est tombé, rien ne peut arrêter un peuple qui s'est remis à espérer."

Lors de la soirée électorale du parti à Paris, plusieurs étudiants en costumes cravates, souvent du syndicat de la Cocarde ou de l'UNI, assurent que cette progression continue du RN est "inarrêtable". "C'est un TGV le RN", estime Noah Ludon, en fac d'histoire. "Notre électorat augmente, la victoire ce sera pour la prochaine fois".

L'alliance républicaine fustigée de toutes parts au RN

Selon Jordan Bardella, c'est une "alliance du déshonneur", qui a privé les Français "d'une politique de redressement". "S'il n'y avait pas eu de désistements massifs" entre candidats du bloc de gauche et de la majorité sortante, "nous aurions eu la majorité absolue" a assuré Marine Le Pen, dénonçant des "manoeuvres" devant des journalistes.

"Certaines combines déjà éculées ont fonctionné. Mais c'est un sursis d'un an s'il y a une nouvelle dissolution ou de trois ans", avec la présidentielle de 2027, promet le lieutenant de Jordan Bardella, l'eurodéputé Pierre-Romain Thionnet.

Agacé, le député Nicolas Dragon dénonce lui des "alliances contre-nature", des "tambouilles" et s'en prend à la "carte de France immonde" sur "nos candidats respectables", alors que le camp présidentiel avait recensé dans une "carte de la honte" les propos "racistes, antisémites et homophobes" de certains RN.

Les militants ne sont pas en reste et pestent contre le "barrage", ce plafond de verre qui semble encore résister aux assauts du parti d'extrême droite.

"Je suis écoeuré, leur coalition artificielle" avec des désistements pour barrer la route au RN "a marché", peste un militant anonyme au pavillon Chesnaie du Roy à Paris, où se déroulait la soirée électorale.

"C'est décevant, mais la situation s'est déjà produite", souligne Cecilia Djennad, une militante de 32 ans, drapeau en main. "On diabolise le RN depuis des années. L'extrême gauche joue sur la peur. Je ne vais pas baisser les bras", assure cette directrice régionale d'une marque de bijoux, en se projetant vers les municipales de 2026.

Selon Louis Igonin, étudiant en droit, cette "campagne a fait tomber un masque" : les autres camps "essayent de réexister avec une alliance contre-nature pour grappiller des électeurs. C'est une honte et un abaissement du PS de s'allier à un parti aussi dangereux que LFI", juge-t-il.

Une Assemblée "ingouvernable"

Jordan Bardella, pressenti pour être Premier ministre en cas de victoire de son parti, a estimé que la France allait "vers l'incertitude et l'instabilité" en raison de la "paralysie" à venir des institutions.

Ce point de vue a été repris par les autres responsables du parti. Le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, avait aussi estimé que "le système (allait) se bloquer", car "les trois blocs" ont "très peu de différences" en termes de sièges.

Pour un autre vice-président du RN, Louis Alliot, "cette assemblée est ingouvernable". "Je ne vois pas comment" le bloc de gauche "va pouvoir gouverner (...) sauf à faire une espèce de millefeuille entre la majorité, un petit peu de gauche, un petit peu de Les Républicains, mais ça n'ira pas plus loin".

Face à ce blocage, "on revotera sous peu" pour des nouvelles élections législatives, a-t-il prédit. La nouvelle Assemblée nationale ne peut pas être dissoute pendant un an.

"Emmanuel Macron va gérer maintenant la situation qu'il a imposée aux Français (..)" avec "la gauche, en réalité sous tutelle de l'extrême gauche, en tête (...) Je ne sais pas comment il va faire", a conclu Marine Le Pen.

Avec AFP

Après la déception des législatives, Marine Le Pen juge que la victoire du RN "n'est que différée"