Les Rwandais s’apprêtent à reconduire Paul Kagame à la tête du pays pour un quatrième mandat, lors de la présidentielle de juillet. Véritable guide du pays depuis qu’il a mis fin au génocide contre les Tutsis en 1994, le président se présente comme une figure paternelle, garante de stabilité et de prospérité pour des millions de citoyens. Depuis 24 ans, il a toujours été réélu avec pas moins de 93 % des voix. La majorité des Rwandais, qui ont moins de trente ans, n’ont connu que lui comme chef de l’État. Mais de nombreux observateurs qualifient le régime de Kagame, où un seul parti dissident est toléré, d’autoritaire. Si l’écrasante majorité de la jeunesse soutient aveuglément le parti présidentiel, certains sont en quête de changement. Portrait de cette "génération Kagame".
Jusqu’à l’élection présidentielle du 15 juillet prochain, le Front Patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame est en campagne. Le président enchaîne les meetings devant des dizaines de milliers de personnes, aux quatre coins du pays des mille collines. Déjà réélu pour un troisième mandat en 2017 avec 98 % des bulletins, le leader incontesté du FPR inspire confiance et loyauté chez ceux qui défendent son bilan. Sous son règne, le Rwanda s’est développé, jusqu’à devenir l’économie avec l’un des plus forts taux de croissance du continent.
Mais le gouvernement est régulièrement accusé par des associations de défense des droits de museler ses détracteurs. Un seul parti d’opposition, le Parti Vert démocratique, est autorisé à se présenter face à lui.
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Lors des grands meetings du FPR, une majorité de jeunes se tiennent devant Kagamé, à l’image du pays. Ils ont moins de 30 ans, n’ont pas vécu le génocide contre les Tutsi, auquel l’homme fort du pays a mis un terme, en 1994. Ces nouvelles générations n’ont connu qu’un seul et unique président.
Pour ce reportage, notre équipe a suivi trois jeunes, qui représentent la "génération Kagame". Nous avons rencontré Bénigne, une jeune adhérente du parti-État, qui vante le bilan de son président, à la tête du pays depuis 24 ans, et participe aux activités du parti. À Kigali, nos journalistes ont aussi interviewé Mutesi, une jeune entrepreneuse, qui gère une boutique de vente d’alcool. Elle raconte son parcours dans la société et son combat pour s’en sortir, dans une nation où le taux de chômage reste élevé, avec près de 20 % des jeunes qui peinent à trouver un emploi. Enfin, nous avons suivi Jean-de-Dieu, leader des jeunes du Parti Vert démocratique, seule formation dissidente tolérée par les autorités. Trois jeunes, trois voix différentes qui représentent cette jeune génération qui se rendra aux urnes mi-juillet.