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La vérification en bref :
- Sur les réseaux sociaux, un extrait d’une conférence de presse donnée par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le Premier ministre albanais Edi Rama, montrant ce dernier accuser les États-Unis d’être l’un des “trois diables du monde” est devenu viral en juin.
- Mais l’extrait est sorti de son contexte : la version complète de cette conférence de presse diffusée sur la chaîne YouTube du département d’État américain, en février, permet de comprendre que le Premier ministre albanais faisait une référence historique à la dictature albanaise, dans les années 1980.
Le détail de la vérification
Un extrait vidéo d’une vingtaine de secondes montrant une conférence de presse donnée par Antony Blinken et Edi Rama, le Premier ministre albanais, a été vu plusieurs millions de fois sur les réseaux sociaux, en juin. Un texte a été ajouté sur la vidéo, disant en anglais : “le Premier ministre de l’Albanie parle des trois choses les plus diaboliques au monde, devant Blinken (il a beaucoup de cran)”. On entend effectivement, dans l’extrait, Edi Rama affirmer en anglais, que les “trois diables” du monde seraient “les États-Unis, l’Union soviétique et Israël”, avant d’ajouter : “en d’autres termes, l’impérialisme américain, l’impérialisme social soviétique et le sionisme juif.”
Les comptes qui partagent cet extrait, comme celui-ci sur X ou celui-ci sur Facebook, saluent cette prise de position, ajoutant parfois même que “le monde a changé et plus personne n’a peur des États-Unis et de l’Occident”.
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Conférence de presse tronquée
Mais une recherche par mots-clés en angalis, en tapant “conference Antony Blinken and Prime minister Albania” dans Google, permet de retrouver la version complète de la conférence. Elle a été diffusée le 16 février 2024, sur la chaîne YouTube du Département d’État américain. La conférence de presse avait eu lieu la veille à Tirana, la capitale albanaise, lors de la première visite du secrétaire d’Etat américain dans le pays.
À la 50ème minute de la prise de parole, on retrouve l’extrait diffusé sur les réseaux sociaux. Le Premier ministre albanais répondait à la question suivante, posée par Alexander Marquardt, journaliste pour CNN : “L’Albanie a reconnu la Palestine - en tant qu’Etat - en 1988. Le bureau du Premier ministre Netanyahu a dit plus tôt aujourd’hui que ce n’était pas le moment de parler de faire des cadeaux au peuple palestinien. Pensez-vous qu’une solution à deux États soit toujours possible avec le gouvernement Israélien actuel, et comment vous et les États-Unis pensiez que ce soit réalisable ?”.Ce à quoi le Premier ministre albanais a d’abord expliqué l’historique suivant : “Pour donner des éléments de contexte, l’Albanie a été une dictature communiste, et notre dictateur a été l’un des plus proches amis et alliés de l'Organisation de la Libération de la Palestine et de Yasser Arafat. Et d’un autre côté, notre régime était viscéralement en opposition contre trois diables : les États-Unis, l’Union soviétique et Israël. En d’autres termes, l’impérialisme américain, l’impérialisme social soviétique et le sionisme juif”. Il a ensuite répondu à la question du journaliste.
Edi Rama a bien employé le temps du passé pour expliquer la référence historique qu’il faisait à la dictature d’Enver Hoxha (au pouvoir entre 1945 et 1985). Il ne parlait pas de la relation actuelle de l’Albanie avec les États-Unis. Le chef de gouvernement a d’ailleurs conclu son propos en abordant la possibilité de la création d’un État Palestinien “qui ne serait pas perçu comme une menace pour Israël” en insistant sur l’importance de la supervision des États-Unis dans ce projet.