logo

Une infirmière sous contrôle judiciaire après le décès d'un enfant

Une information judiciaire pour "homicide involontaire" a été ouverte par le parquet de Paris après le décès, mercredi, d'un enfant de 3 ans à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Paris. Jeudi, une infirmière a été placée en garde à vue.

AFP - Le parquet de Paris a ouvert vendredi une information judiciaire pour "homicide involontaire" à l'encontre d'une infirmière de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (XIVe) où un enfant de 3 ans est décédé mercredi à la suite d'une perfusion erronée.

L'infirmière, âgée de 35 ans, a été déférée dans l'après-midi au pôle santé publique du tribunal de Paris pour y être présentée à la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy en vue de son éventuelle mise en examen.

Le parquet a requis son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul et d'entrer en contact avec les personnels.

La victime, un petit garçon prénommé Ilyès, avait été conduit mercredi matin par ses parents au service pédiatrique de l'hôpital pour une angine. L'enfant est décédé à 20H45 en réanimation après une subite aggravation de son état.

L'infirmière a reconnu lui avoir administré par erreur une perfusion du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à le réhydrater, ce qui pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque.

Il s'agit d'une soignante expérimentée qui exerce depuis onze ans, dont quatre dans l'établissement, a précisé une source judiciaire.

Placée mercredi en garde à vue à 23H00, elle avait vu sa garde à vue reconduite de 24 heures jeudi soir.

L'enquête judiciaire devra déterminer le rôle exact du produit incriminé dans la mort de l'enfant et les circonstances dans lesquelles l'erreur de manipulation à pu se produire.  

Selon le parquet, si le chlorure de magnésium n'est pas un produit dangereux en soi, il pouvait l'être pour un enfant de cet âge avec un goutte à goutte réglé sur la base du produit initialement prévu.

Mais selon une source proche du dossier, "aucune conclusion médicale ne peut être établie" pour le moment.

jeudi, le père du petit IIyès a reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite alors que son fils était "en train de mourir".

Pour l'oncle de l'enfant, "on ne peut pas mettre tout sur le dos de cette pauvre dame (...) tous les responsables soient punis".

L'alerte après le constat de l'aggravation de l'état du petit Ilyès "a été donnée extrêmement rapidement" et "tout ce qui devait être fait a été fait", a répondu devant la presse Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP).

Dominique Giorgi, secrétaire général de l'AP-HP, a pour sa part indiqué que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre".

 Jeudi, la garde à vue de l'infirmière avait été jugé "disproportionnée" par plusieurs syndicats hospitaliers qui ont dénoncé une dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux du fait d'un manque d'effectif.

 "C'est les lampistes à chaque fois qu'on met en avant", avait estimé pour sa part Patrick Pelloux, président du syndicat des médecins urgentistes Amuf, en demandant la démission de Mme Bachelot.

La ministre de la Santé a réagi vendredi sur Europe 1 en regrettant "la récupération d'un drame aussi épouvantable".

Elle a précisé que le service de pédiatrie générale de Saint-Vincent-de-Paul où l'enfant avait été conduit par ses parents, disposait de 7 personnels hospitaliers pour 12 personnes hospitalisées". Dans l'unité où il était hospitalisé, il y avait "2 personnes - une infirmière, un aide soignante - pour 5 petits malades", a-t-elle ajouté.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a jugé que "cette tragédie (confirmait) la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l'hôpital public".