"J'ai le sentiment que l'on peut gagner. Et la plupart du temps, mon intuition n'est pas trop mauvaise". Julian Nagelsmann, le sélectionneur de la Mannschaft, affiche, au moins publiquement, une très grande confiance avant le coup d’envoi de l’Euro 2024, vendredi 14 juin.

Au vu de son palmarès rutilant, du calibre des joueurs sélectionnés et en tant que pays hôte de la compétition, l’Allemagne figure logiquement parmi les favoris aux côtés de la France et de l’Angleterre.

Toutefois, le triple vainqueur du tournoi n’a plus remporté le titre européen depuis 1996 … une éternité pour ce géant du football.

Et à la fin l’Allemagne ne gagne plus…

Depuis leur victoire au Brésil, lors du Mondial-2014, les Allemands ont disparu des radars, éliminés dans l’indifférence générale en phase de poule des deux dernières Coupe du monde (2018, 2022), et sortis par l’Angleterre en huitièmes de finale du dernier Euro, organisé en 2021.

C’est dire l’attente que suscite dans le pays cet Euro disputé à domicile, avec pour commencer, une phase de groupes qui paraît à la portée de l’Allemagne : l’Écosse en match d’ouverture, puis la Hongrie et la Suisse.

Le jeune sélectionneur allemand, qui a remplacé Hansi Flick en septembre, à la tête d’une Mannschaft en crise, peut se montrer confiant. Il a démontré que ses joueurs sont capables du meilleur pour battre des adversaires aussi prestigieux que la France (2-0) et les Pays-Bas (2-1), lors de deux matches amicaux en mars dernier.

Il faut dire qu’à seulement 36 ans, l’ancien entraîneur du Bayern Munich est connu pour être persuasif : il a notamment réussi à faire sortir de sa retraite internationale Toni Kroos, sextuple vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid, et sans doute le meilleur joueur allemand de la dernière décennie.

Il peut être également radical lorsqu’il s’agit de faire des choix comme lorsqu’il écarte plusieurs cadres de sa liste pour l’Euro, dont Mats Hummels, le solide défenseur central du Borussia Dortmund et champion du monde 2014.

Wirtz et Musiala, deux pépites en attaque

Pour cet Euro, il s'est fortement appuyé sur le groupe de joueurs qui ont fait bonne impression contre les Bleus en mars. "On a très peu changé le groupe, parce que c'était bon", a estimé Julian Nagelsmann lorsqu’il a dévoilé sa liste, le 16 mai.

S’il va s’appuyer sur des cadres incontournables comme le capitaine Ilkay Gündogan et le gardien Manuel Neuer, de retour au premier plan, le sélectionneur va confier l’animation offensive de la sélection à deux très jeunes joueurs qui n’ont eu de cesse d’illuminer la Bundesliga cette saison : Jamal Musiala et Florian Wirtz, tous deux âgés de 21 ans.

Le premier, déjà présent lors du Mondial-2022, progresse après chaque touche de balle en Bavière, dans les rangs du Bayern, tandis que le deuxième, d’une efficacité effarante devant le but, vient d’être sacré champion d’Allemagne avec le Bayer Leverkusen. Un titre dont il est le principal artisan, avec 11 buts et 11 passes en 32 matches.

Le rêve d’un nouveau "Sommermärchen"

Pour se préparer, l’Allemagne a d’abord affronté l'Ukraine, le 4 juin, un match qui a permis une large revue d’effectif et qui s’est soldé par un match nul (0-0), malgré 26 tirs allemands. Trois jours plus tard, la Mannschaft a bâclé son dernier match de préparation contre la Grèce, finalement battue grâce à un but inscrit à la 89e minute… Une prestation en demi-teinte qui est venue rappeler à l’ordre - et à temps -  les coéquipiers de Manuel Neuer, auteur d’une bourde fatale sur le but grec, qui étaient apparus empruntés et en manque d’inspiration.

Ils devront montrer un visage plus conquérant, vendredi soir à Munich, contre l’Écosse, pour entamer du bon pied la compétition et entraîner derrière eux un public qui ne demande qu’à vibrer, comme en 2006, lors du mondial organisé à domicile.

À l’époque, les Allemands s’étaient hissés jusqu’en demi-finale avant de chuter contre l’Italie et avaient vécu, à l’instar du pays, ce qui est encore considéré comme "un conte de fées d'été" (Sommermärchen).

L’ambitieux Julian Nagelsmann, dont le contrat initial, qui courait jusqu'à l'Euro 2024, a été prolongé jusqu'au Mondial-2026, l’a dit : il pense que ses joueurs peuvent faire mieux qu’une place dans le dernier carré. Verdict le 14 juillet.