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Sur le site de l'une des plus féroces batailles du Débarquement, à la Pointe du Hoc, le président américain Joe Biden a voulu vendredi rappeler à ses compatriotes que la "grandeur des États-Unis" n'appartient pas au passé. Il a insisté sur "l'importance de défendre la liberté et la démocratie". Un discours visant à établir un contraste avec son adversaire à la présidentielle, Donald Trump.

"Je refuse de croire que la grandeur des États-Unis est fanée". Depuis la Pointe du Hoc, un promontoire rocheux en Normandie arraché aux Allemands le 6 juin 1944, le président américain Joe Biden s'est posé en garant de la démocratie et a convoqué, vendredi 7 juin, la mémoire des soldats américains ayant pris part à l'une des plus rudes batailles du Débarquement.

"Nous sommes les héritiers de ces héros", a-t-il insisté. "Ils nous demandent de protéger la liberté et la démocratie."

Dans cinq mois, le président américain affrontera son prédécesseur républicain Donald Trump à l'élection présidentielle. Face à ce rival persuadé du "déclin" de la première puissance mondiale, dont il n'a pas prononcé le nom, le démocrate de 81 ans a proposé une vision héroïque du destin américain.

"Aujourd'hui, lorsque nous contemplons ce champ de bataille, tous les bunkers et tous les cratères de bombes (...) une pensée vient à l'esprit. Mon Dieu, mon Dieu, mais comment ont-ils fait ?", a dit Joe Biden, en rappelant la mémoire des soldats américains.

Un discours en opposition à Donald Trump

Derrière lui, les eaux bleues de la Manche et un monument commémorant l'assaut donné à ce promontoire rocheux qu'est la Pointe du Hoc par les "Rangers", qui ont le 6 juin 1944 arraché à l'armée allemande cette position stratégique.

"Qui peut douter qu'ils voudraient que l'Amérique se dresse contre l'agression de Poutine en Europe ? (...) Qui peut croire que ces Rangers voudraient que l'Amérique s'isole aujourd'hui ? (...) Qui peut douter qu'ils remueraient ciel et terre pour vaincre les idéologues de haine aujourd'hui ?", a demandé le président américain. Autant de questions renvoyant, de manière transparente, au choix qu'auront à faire les Américains en novembre.

Ces combattants de 1944 "ne nous demandent pas d'escalader ces falaises. Ils nous demandent de rester fidèles à ce que l'Amérique représente", en particulier la démocratie et la fidélité aux grandes alliances internationales, a dit Joe Biden.

Tout dans son discours visait à établir un contraste avec le républicain de 77 ans, au moment où les sondages peinent à les départager.

En invoquant la bravoure des Rangers, Joe Biden a aussi cherché à projeter l'autorité que beaucoup d'Américains peinent à distinguer dans ce président octogénaire, à la démarche désormais très précautionneuse et à l'élocution parfois laborieuse. Il n'a de cesse de dénoncer les velléités isolationnistes de son rival et de le présenter en danger pour la démocratie.

Le milliardaire républicain ne cache pas une certaine fascination pour les dirigeants autoritaires et qui semble obsédé par l'idée de la "vengeance" – face à celui qui l'a battu en 2020, ce qu'il n'a jamais concédé, comme face à la justice qui le poursuit.

Dans la droite ligne d'un discours célèbre de Ronald Reagan

Le discours de vendredi a rappelé, inévitablement, celui prononcé au même endroit le 6 juin 1984 par le président républicain Ronald Reagan.

Dans une allocution considérée comme l'une des plus éloquentes jamais prononcées par un président américain, l'ancien acteur avait salué "les gars de la Pointe du Hoc. Les hommes qui ont pris la falaise. Les champions qui ont aidé à libérer un continent. Les héros qui ont aidé à terminer une guerre".

"Vous saviez tous que certaines choses méritent que l'on meure pour elles. La patrie mérite qu'on meure pour elle, et la démocratie mérite que l'on meure pour elle", avait affirmé Ronald Reagan.

La Maison Blanche avait convié un vétéran du Débarquement à assister au discours de Joe Biden. Installé au premier rang dans son fauteuil roulant, une couverture sur les genoux, John Wardell, 99 ans, était par sa seule présence, là encore, un rappel du contraste que le démocrate veut établir avec son rival républicain.

Selon la presse, Donald Trump aurait un jour qualifié les soldats américains morts au front de "perdants" ("losers") et des "pauvres types" ("suckers").

Avec AFP