"Chaque bulletin de vote est une réponse à M. Netanyahu. Nous allons voter le 9 juin pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza", a lancé Jean-Luc Mélenchon, jeudi 6 juin à Lyon, devant environ 2 000 personnes réunies à la Sucrière, salle où s’affichaient de nombreux keffiehs et drapeaux palestiniens. À trois jours des élections européennes, le leader insoumis a enfoncé le clou en faisant une nouvelle fois de la situation à Gaza l’enjeu principal du scrutin.
En présence de Rima Hassan, 7e sur la liste de Manon Aubry et devenue, ces dernières semaines, l’égérie des militants de la cause palestinienne, Jean-Luc Mélenchon a accusé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, d’être "l’organisateur d’un génocide". "Nous répondrons dimanche à la honte qu’a été pour notre pays de faire passer à la télévision un criminel de guerre", a-t-il affirmé en référence à l’interview de Benjamin Netanyahu, le 30 mai sur TF1 et LCI.
Le 9 juin, nous votons aussi pour :
- le cessez-le-feu à Gaza
- la reconnaissance de l’État de Palestine
- l'embargo sur les armes livrées à Netanyahu
- la suspension des accords d'association entre l'UE et Netanyahu
- la sécurisation de la frontière libanaise #UnionPopulaire pic.twitter.com/mTA3ps6Bgk
"Nous demandons un embargo sur les armes en Europe. Nous demandons la suspension des accords de coopération avec le gouvernement de M. Netanyahu. La guerre s’arrêterait immédiatement si on coupait le robinet des échanges", a-t-il ajouté, fidèle à sa ligne depuis le début de la campagne et sur laquelle les Insoumis ont misé pour convaincre les abstentionnistes habituels d’aller voter pour les européennes.
Le pari sera-t-il payant, dimanche soir, au moment de faire les comptes ? Les sympathisants présents jeudi soir le croient. "Jean-Luc Mélenchon me rend fière d’être Française. Il a le courage de défendre des positions qui ne vont pas dans le sens du vent. Les Insoumis sont les seuls à défendre la cause palestinienne", explique Fanny, 44 ans. À côté d’elle, sa fille Kenza, 23 ans, acquiesce. "En vrai, c’est une position marginale qu’ils portent, alors c’est n’importe quoi de les accuser de faire du clientélisme", estime-t-elle.
"Scandaleux de voir les Insoumis être accusés de récupération politique"
Un peu plus loin, Fabien, 48 ans et keffieh autour du cou, ne comprend pas lui non plus ces accusations. "Toute la gauche, hormis le PS, a fait de la cause palestinienne une question centrale de son logiciel depuis des décennies. Alors je trouve scandaleux qu’on accuse aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis de récupération politique", s’emporte-t-il.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle en 2012, 2017 et 2022 n’a d’ailleurs pas manqué d’ironiser sur la stratégie du gouvernement israélien pour discréditer les critiques le visant, dressant la liste des institutions, pays et personnalités qualifiées par l’État hébreu d’antisémite : "L’ONU, la Cour pénale internationale, la Cour internationale de justice, l’Afrique du Sud, la Colombie, le pape, Dominique de Villepin, Lula, l’équipe de basket féminine d’Irlande, les personnels techniques de l’Eurovision…"
Une flèche qui vise juste, selon Jocelyne, 70 ans et membre du Collectif 69 Palestine et de l’Union juive pour la paix, qui a été "sidérée de voir les atteintes à la liberté d’expression que cette cause a subies durant cette campagne".
Une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à Lille sur la Palestine a notamment été annulée mi-avril par le président de l’université où celle-ci devait se tenir. Puis, le lendemain, la même conférence, qui avait trouvé un autre lieu d’organisation, a été interdite par le préfet du Nord. Par ailleurs, plusieurs manifestations propalestiniennes ont été interdites dans plusieurs villes de France depuis l’attaque perpétrée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.
"Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu !"
Prenant la parole à la suite de Jean-Luc Mélenchon, la tête de liste de La France insoumise, Manon Aubry, a évoqué les autres thématiques portées durant sa campagne : pouvoir d’achat, justice fiscale, droits des travailleurs, lutte contre le réchauffement climatique, nouveau modèle agricole ou encore lutte contre l’extrême droite. Mais c’est bien Gaza, qu’elle a évoqué à son tour, qui faisait revenir la ferveur, le public se levant pour scander "Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu !".
Nous avons tenu bon pour exiger la fin des massacres à Gaza.
Honte à la macronie qui punit plus durement un drapeau palestinien qu'un salut nazi !
Honte aux médias qui invitent Benjamin Natanyahou ! Sa place est sur le banc des accusés, pas sur un plateau télé ! #UnionPopulaire pic.twitter.com/VTsZrZf9rT
"Oui, nous assumons de ne pas détourner le regard de ce génocide en cours dans la bande de Gaza pendant que notre gouvernement et l’Union européenne brillent par leur inaction, du mauvais côté de l’Histoire, fournisseurs d’armes à Netanyahu, et qui préfèrent menacer la démocratie que de menacer les criminels de guerre", a déploré la candidate, avant de faire référence à la lourde sanction écopée par le député insoumis Sébastien Delogu.
Présent sur scène derrière elle, ce dernier a été suspendu deux semaines de l’Assemblée nationale pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle.
"Je les soutiens parce qu’ils ne baissent pas les yeux et ne s’excusent pas de défendre leurs idées. On ne peut pas en dire autant de tout le monde à gauche. Au moins eux, leur ligne est claire", se réjouissait Antoine, 29 ans, en fin de meeting.
Autour de lui, le public était debout, applaudissant et brandissant pour certains leur drapeau palestinien tout en scandant des "Manon ! Manon ! Manon !", avant que la Marseillaise ne vienne conclure la soirée.