Les responsables du parti non-indépendantiste modéré Calédonie ensemble ont déclaré, mardi 4 juin, qu'Emmanuel Macron devait acter "officiellement" la fin de la procédure de réforme du corps électoral, pour espérer mettre fin aux troubles qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis trois semaines.
Le mouvement loyaliste juge possible une désescalade en trois étapes en vue de la fin des blocages et violences qui émaillent le territoire du Pacifique sud depuis le 13 mai, en réaction à une réforme constitutionnelle contestée par les indépendantistes.
Première étape proposée : le président de la République acte "officiellement la fin de la procédure du projet de réforme constitutionnelle", a déclaré lors d'une conférence de presse Philippe Gomès, l'un des leaders de Calédonie ensemble.
Ce dirigeant considère qu'il s'agit d'un "préalable" pour "faciliter la démobilisation sur le terrain", alors que "l'État ne parvient pas à rétablir l'ordre malgré l'engagement sans faille des forces de l'ordre", environ 3 500 policiers et gendarmes.
La deuxième étape, le retour à l'ordre et à la paix, ne sera possible qu'avec la levée des "ambiguïtés" concernant le projet de loi constitutionnelle, à propos duquel Emmanuel Macron a indiqué qu'il n'y aurait "pas de passage en force" mais pas non plus de "retour en arrière".
Cette situation permet une "instrumentalisation" par "la branche ultra" du camp indépendantiste, juge Philippe Gomès. Or "il faut faire en sorte que cette branche n'ait plus de socle politique pour légitimer ce qu'elle fait", ajoute-t-il.
Selon le leader de Calédonie ensemble, ces deux premières étapes ont vocation à rétablir le centre de gravité du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), concurrencé sur les barrages par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Et ainsi restaurer la confiance des indépendantistes envers l'État pour - troisième étape - "engager des discussions politiques (qui) n'ont toujours pas commencé".
Dans le cas contraire, Calédonie ensemble alerte sur le risque que "la situation s'inscrive dans la durée". "La base, c'est le consensus. Il n'y a pas d'autre base. Un camp ne va pas l'emporter sur l'autre", estime Philippe Gomès.
Reprise partielle des vols commerciaux
Pendant ce temps, les vols commerciaux depuis et vers l'aéroport international de La Tontouta, en Nouvelle-Calédonie, vont reprendre partiellement à partir de mercredi, illustrant le lent retour au calme sur l'archipel malgré la persistance de nombreux points de blocage des indépendantistes.
"À partir de demain, mercredi 5 juin, Aircalin reprendra de façon progressive une partie de ses vols commerciaux longs et moyens courriers", a annoncé, mardi, la compagnie aérienne locale, information confirmée à l'AFP par la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, gestionnaire de la plateforme.
Cette "reprise partielle" concerne un "programme de vols allégé qui restera en vigueur jusqu'au retour à une situation normale", précise toutefois Aircalin.
Parmi les difficultés, sont cités le couvre-feu en vigueur au moins jusqu'au 10 juin et la situation sur la route RT1 allant de Nouméa à l'aéroport, qui a été l'un des principaux points chauds des émeutes et reste difficilement praticable.
L'aérogare n'étant toujours pas accessible depuis le sud de la Nouvelle-Calédonie, un pont aérien sera mis en place pour transporter les passagers et leurs bagages entre La Tontouta et l'aérodrome de Magenta, situé dans le quartier du même nom à Nouméa, précise la compagnie aérienne.
Bouche d'égout piégée
Par ailleurs, mardi, un gendarme a été blessé "au niveau des jambes" en tombant dans une "bouche d'égout piégée" à Dumbéa, près de Nouméa, a annoncé le procureur de la République sur le territoire, Yves Dupas.
Le gendarme est tombé dans la bouche d'égout en marchant sur des branchages placés "par dessus afin de masquer l'ouverture" de la bouche d'égout, qui avait été retirée, a-t-il indiqué.
Avec AFP