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Les agriculteurs espagnols et français bloquent la frontière pour "peser" sur les européennes
Des agriculteurs français et espagnols bloquent lundi les points de passage transfrontaliers le long des Pyrénées dans la dernière ligne droite avant les élections européennes afin de "peser" sur le scrutin et réclamer notamment une énergie moins chère.

À six jours des élections européennes, les agriculteurs français et espagnols veulent se faire entendre. Une longue cohorte de dizaines de tracteurs espagnols a rejoint dans la matinée du lundi 3 juin les quelques agriculteurs français positionnés là où l'A9 Montpellier-Barcelone, complètement coupée à la circulation, passe la frontière dans les Pyrénées-Orientales, à la hauteur du village du Perthus.

"Aujourd'hui, c'est un blocage historique qui ne s'est jamais fait en Europe", dit à l'AFP Sébastien Barboteu, 41 ans, éleveur bovin dans la vallée frontalière du Vallespir (Pyrénées-Orientales) et porte-parole des agriculteurs français mobilisés.

"Avant, on 's'affrontait', maintenant on s'allie, on a les mêmes problématiques", s'est-il réjoui à propos de cette rare mobilisation commune.

Cette mobilisation, pour une énergie moins chère et le respect des clauses miroirs (qui supposent d'imposer aux agriculteurs de pays tiers les mêmes normes environnementales que celles prévues en Europe), a pour particularité de ne pas avoir été organisée par les syndicats agricoles traditionnels.

"Il n'est pas normal qu'on nous impose, à nous, des normes qui ne sont pas respectées sur les produits qu'on importe", explique Xabi Dallemane, l'un des organisateurs de ce rassemblement "sans étiquette" au Pays basque.

Pour cet éleveur de bovins et canards basé à Bidache, l'opération est "pacifique" avec pour objectif de "mettre la pression sur nos futurs députés européens".

"Personne n'achèterait jamais un jouet ou une voiture non conforme à la réglementation européenne, mais des aliments sont importés et vendus alors qu'ils ne la respectent pas", expliquait de son côté l'Espagnol Josep Ballucera, agriculteur de 39 ans venu de Santa Coloma de Farners, dans la province de Gérone (nord-ouest de l'Espagne).

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"On veut peser"

"On veut peser, car quand je parle au gouvernement, on m'explique que 80 % des lois agricoles se décident à Bruxelles, donc on a compris que maintenant le cheval de bataille n'était plus national, il était européen", renchérit Jérôme Bayle, éleveur de Haute-Garonne devenu figure du mouvement de contestation agricole du début d'année.

"Ça n'a rien à voir" avec la mobilisation de la fin de l'hiver, qui avait vu des agriculteurs de la France entière bloquer des autoroutes et asperger de purin les préfectures, précise-t-il toutefois.

Les agriculteurs espagnols et français bloquent la frontière pour "peser" sur les européennes

"On demande pas le bout du monde, juste que l'Europe soit uniformisée dans la réglementation et les taxes", ajoute-t-il.

Côté espagnol, la mobilisation est conduite par des plateformes locales, pour la plupart nées ces derniers mois et organisées via des boucles Telegram.

L'une d'elles, le collectif catalan Revolta Pagesa ("révolte paysanne"), assure se battre "pour la défense de la terre" et "pour la souveraineté alimentaire". En février et mars, plus au sud, les agriculteurs espagnols avaient déjà coupé cet axe autoroutier.

"C'est pour mettre un coup de pression avant les européennes", résume Jean Henric, viticulteur de 30 ans, depuis le blocage sur l'A9. "On a l'impression que les promesses ont été faites dans le vent. Si rien ne bouge on se remobilisera à l'automne prochain", prévient-il.

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Avec AFP