Trois personnes ont été tuées et 16 blessées dans des frappes russes à Kharkiv (nord-est), deuxième ville d'Ukraine, ont annoncé vendredi 31 mai les autorités régionales après que Joe Biden a autorisé Kiev à frapper des cibles sur le sol russe pour défendre cette ville.
C'est un immeuble de cinq étages dans lequel dormaient des civils qui a été frappé, dans le quartier de Novobavarsky, a précisé le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, affirmant que d'autres personnes pourraient toujours se trouver sous les décombres.
"L'ennemi a de nouveau eu recours à la tactique de la double frappe, alors que les médecins, les secouristes et les forces de l'ordre étaient déjà sur place", a indiqué Oleg Sinegoubov à un journal local, affirmant que parmi les blessés se trouve un médecin urgentiste.
Bombardements quasi-quotidiens
Ce sont des missiles S-300 et S-400 qui ont été lancés depuis le territoire de la région de Belgorod, en Russie, frontalière de l'Ukraine, selon le bureau du procureur régional, qui fait état de cinq frappes. "Une roquette a touché un immeuble résidentiel de cinq étages, d'autres roquettes sont tombées à proximité de cet immeuble", a-t-il précisé.
Cette attaque intervient après le bombardement, le 25 mai, d'un hypermarché à Kharkiv qui a fait 19 morts. Cette ville est la cible quasi-quotidienne de bombardements venant principalement du territoire russe. La Russie a lancé début mai une offensive dans la région, et gagne du terrain face à une armée ukrainienne en difficulté.
Le président américain Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'ici, a donné jeudi son feu vert pour que l'Ukraine frappe sous certaines conditions des cibles sur le sol russe, dans la région de Kharkiv, a indiqué jeudi un responsable américain. "Le président a donné pour mission à son équipe de faire en sorte que l'Ukraine puisse utiliser des armes américaines afin de contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer", a dit cette source.
Aide militaire allemande
Ce responsable, qui a requis l'anonymat, a toutefois ajouté que les États-Unis continuaient à s'opposer à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe. "Notre position d'interdiction de l'utilisation d'ATACMS ou de frappes en profondeur à l'intérieur de la Russie n'a pas changé", a-t-il dit. Les ATACMS sont des missiles de longue portée fournis par les Américains à l'Ukraine, pouvant aller jusqu'à 300 km de distance.
De son côté, le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, a promis jeudi un nouveau paquet d'aide militaire d'une valeur de 500 millions d'euros à l'Ukraine. Le paquet comporte des livraisons dans "l'artillerie, la défense aérienne, les drones, et la protection (...)" et notamment des drones pour la reconnaissance et le combat en mer Noire, a annoncé le ministre lors d'une visite non annoncée à Odessa, ville portuaire du sud de l'Ukraine, où il s'est entretenu avec son homologue Roustem Oumerov.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait laissé entendre mercredi que les États-Unis avaient infléchi leur position en termes de frappes ukrainiennes sur le sol russe. "Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons de le faire", avait-il dit à la presse lors d'une visite en Moldavie, pays frontalier de l'Ukraine.
L'Otan pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens", selon les termes de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, une position à laquelle se sont ralliés plusieurs pays, dont la France. Le Kremlin a pour sa part reproché à l'alliance atlantique de lancer "un nouveau cycle d'escalade".
Sur le plan diplomatique, la Russie n'a finalement pas été invitée aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin, en raison de sa "guerre d'agression" contre l'Ukraine, a annoncé jeudi la présidence française.
Avec AFP