Le commandant en chef de l'armée ukrainienne a annoncé lundi 27 mai que de premiers instructeurs militaires français arriveront "prochainement" en Ukraine pour former les soldats ukrainiens, qui reculent face aux offensives russes, notamment dans la région de Kharkiv.
"Je salue l'initiative de la France d'envoyer des instructeurs en Ukraine pour former les militaires ukrainiens. J'ai déjà signé les documents qui permettront aux premiers instructeurs français de se rendre prochainement dans nos centres de formation et de se familiariser avec les infrastructures et leur personnel", a écrit sur Telegram le général Oleksandr Syrsky.
Contacté par l'AFP, le ministère français des Armées s'est borné à dire que le dossier était à l'étude, sans confirmer l'envoi d'instructeurs.
"Comme déjà évoqué plusieurs fois, la formation sur le sol ukrainien fait partie des chantiers discutés depuis la conférence sur le soutien à l'Ukraine réunie par le Président de la République le 26 février dernier", a indiqué le ministère. "Cette piste continue de faire l'objet de travaux avec les ukrainiens", a-t-il ajouté.
"User de tous les moyens"
Pour sa part, au cours d'une visite à Madrid, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l'Occident à "user de tous les moyens" pour contraindre la Russie à la paix.
"Nous devons intensifier notre travail commun avec nos partenaires pour obtenir davantage : la sécurité et une coercition tangible de la Russie à la paix par tous les moyens", a exhorté le président ukrainien lors d'une conférence de presse aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.
Il faut "faire pression non seulement sur la Russie, mais aussi sur nos partenaires pour qu'ils nous donnent la possibilité de nous défendre", a-t-il ajouté, exigeant de nouveau des systèmes de défense anti-aérienne pour pouvoir intercepter les plus de 3 000 bombes aériennes guidées lancées par la Russie sur son pays chaque mois.
À un peu moins de trois semaines d'un sommet pour la paix en Ukraine prévu en Suisse, Volodymyr Zelensky a rejeté la proposition de la Chine et du Brésil d'inviter la Russie, estimant que celle-ci allait "tout bloquer".
En difficulté sur les fronts est et nord-est, l'Ukraine réclame depuis des mois de pouvoir frapper les positions et les bases-arrières russes en territoire russe avec des armements occidentaux. Mais Américains et Européens ont refusé jusqu'ici par crainte d'une escalade, conférant un avantage certain aux forces du Kremlin.
Aide militaire espagnole d'un milliard d'euros
Cette question commence cependant à faire débat parmi les alliés. Lors d'une réunion de l'Otan à Sofia, son secrétaire général Jens Stoltenberg a estimé lundi qu'il était "temps de reconsidérer" les restrictions sur l'usage des armes fournies à l'Ukraine qui lui lient "les mains dans le dos".
Dimanche, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a dit pour sa part s'opposer à une telle utilisation des armes fournies à l'Ukraine contre des cibles en territoire russe. "Il faut être très prudent", a-t-elle jugé.
Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, avait en revanche estimé, lors d'un déplacement à Kiev début mai, que Kiev pouvait utiliser les armes britanniques comme bon lui semblait, évoquant son "droit" de frapper le territoire de la Russie.
Interrogé lundi sur le sujet, Pedro Sánchez a déclaré, de façon évasive, ne pas avoir "cette volonté". "Nous serons aux côtés de l'Ukraine tout le temps qu'il faudra", a cependant répété le Premier ministre. Il a annoncé "un engagement d'aide militaire pour 2024 d'un milliard d'euros" de la part de Madrid, qui avait apporté jusqu'ici un soutien limité à Kiev.
L'Ukraine réclame notamment des systèmes anti-missiles et anti-aériens Patriot américains, arguant n'avoir à l'heure actuelle qu'un quart des moyens dont elle a besoin.
Besoin de "sept systèmes Patriot supplémentaires"
Volodymyr Zelensky a ainsi précisé à Madrid avoir besoin de "sept systèmes Patriot supplémentaires", dont "au moins deux pour Kharkiv", ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière et pilonnée par l'armée russe.
La visite de Volodymyr Zelensky en Espagne était initialement prévue le 17 mai, mais avait été repoussée en raison de la nouvelle offensive lancée quelques jours plus tôt par l'armée russe dans le nord-est de l'Ukraine.
La Russie a revendiqué lundi la prise de deux nouvelles localités dans l'est de l'Ukraine, où une frappe sur un hypermarché de bricolage à Kharkiv, deuxième ville du pays, a fait samedi seize morts.
Une nouvelle frappe sur une zone industrielle de cette ville a tué une femme lundi, selon le gouverneur de la région.
Au sud, au moins trois personnes ont été tuées et six autres blessées dans une frappe russe sur Snigourivka, un village de la région méridionale de Mykolaïv, a annoncé son gouverneur.
La Russie ne cesse depuis le début du mois de mai de grignoter du terrain en Ukraine. Elle a pour cela recruté à tour de bras en proposant des soldes attractives et mobilisé l'industrie militaire pour soutenir son effort de guerre.
Avec AFP