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Julian Assange autorisé par la justice britannique à faire appel de son extradition aux États-Unis
La justice britannique a jugé lundi que les garanties données par les États-Unis pour une extradition de Julian Assange n'étaient pas satisfaisantes, autorisant ainsi le fondateur de WikiLeaks à faire appel. Le lanceur d'alerte encourt jusqu'à 175 ans de prison pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines.

Nouveau sursis pour Julian Assange. L'Australien de 52 ans a remporté lundi 20 mai une victoire dans sa longue bataille judiciaire contre son extradition : la justice britannique a accordé la possibilité d'un nouvel appel au fondateur de Wikileaks, que les États-Unis veulent juger pour une fuite massive de documents.

Cette audience était cruciale après cinq ans d'un combat judiciaire érigé en symbole du combat pour la liberté d'informer par ses soutiens. Ses proches avaient prévenu qu'il risquait d'être rapidement extradé si sa demande de recours échouait.

Ses avocats se sont serrés dans les bras quand les juges ont annoncé qu'ils acceptaient un nouvel appel. "Ce jour marque un tournant", s'est réjouie l'épouse de Julian Assange, Stella, devant le tribunal.

Julian Assange, considérablement affaibli selon ses proches, n'était pas présent à l'audience qui se tenait à la Royal Court of Justice à Londres, "pour des raisons de santé", a précisé son avocat, Edward Fitzgerald. Mais de nombreux soutiens s'étaient rassemblés devant le tribunal criant "Libérez Assange", brandissant des pancartes "N'extradez pas Assange" ou interpellant le président américain Joe Biden avec le slogan "Laissez-le partir, Joe".

Poursuivi pour avoir rendu publics à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, le fondateur de WikiLeaks encourt aux États-Unis jusqu'à 175 ans de prison.

Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Garanties américaines insuffisantes

Après de multiples rebondissements judiciaires, fin mars, deux juges de la Haute Cour de Londres, Victoria Sharp et Jeremy Johnson, avaient demandé aux États-Unis de nouvelles garanties sur le traitement qui serait réservé dans ce pays à Julian Assange, avant de se prononcer sur la demande du fondateur de WikiLeaks d'obtenir un nouvel appel contre son extradition.

Ils ont entendu lundi les parties débattre de la réponse des autorités américaines.

La défense de Julian Assange a accepté la garantie apportée par les États-Unis que l'Australien ne serait pas condamné à la peine de mort. Les États-Unis ont fourni une "promesse sans ambiguïté de ne pas inculper d'infraction passible de la peine capitale", a expliqué Edward Fitzgerald dans des conclusions écrites.

Les débats ont principalement porté sur le premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d'expression, et la possibilité pour Julian Assange d'en bénéficier en cas d'extradition.

Edward Fitzgerald s'est inquiété que cet amendement ne s'applique pas à son client, celui-ci n'étant pas Américain. "Il n'y a aucune garantie qu'il puisse s'appuyer sur le premier amendement", a-t-il affirmé. "Il y a un risque réel de discrimination", a ajouté l'avocat.

James Lewis, l'avocat représentant le gouvernement des États-Unis, a affirmé qu'en cas d'extradition, Julian Assange aurait "droit à toute la panoplie des droits de la défense, y compris le droit d'invoquer et de chercher à invoquer le premier amendement comme moyen de défense".

Mais les garanties avancées par les États-Unis n'ont pas réussi à convaincre les juges britanniques.

Des poursuites "politiques"

Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après sept ans passés dans l'ambassade d'Équateur à Londres, afin d'éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.

Depuis, les appels se sont multipliés pour que le président américain Joe Biden abandonne les charges retenues contre lui. L'Australie a fait une demande officielle en ce sens début 2024, que le président américain a dit examiner, suscitant l'espoir chez ses soutiens.

En janvier 2021, la justice britannique avait d'abord tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks, invoquant un risque de suicide s'il était extradé. Mais cette décision a ensuite été infirmée.

Lors des dernières journées d'audience en février, Julian Assange était déjà absent pour raisons de santé. Ses avocats ont plaidé qu'une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger, et que les poursuites contre lui étaient "politiques".

Avec Reuters et AFP