logo

Équateur : Guayaquil, ville de tous les périls
Publié le : 03/05/2024 - 12:23

L’Équateur, petit pays autrefois paisible, connaît depuis plusieurs mois une crise sécuritaire sans précédent. sous le joug des gangs, les habitants de la ville de Guayaquil vivent désormais dans la peur. Un reportage de notre correspondante Pascale Mariani.

À Guayaquil, capitale économique de l’Équateur, la vie quotidienne a basculé au début de l'année 2024. Le 9 janvier, les images de la prise d’otages en direct d'un plateau de télévision par un groupe de jeunes en armes font le tour du monde. Le même jour, plusieurs endroits de la ville sont attaqués. Les gangs de Guayaquil déclarent la guerre aux institutions et à l’État équatorien. Le gouvernement de Daniel Noboa, élu en 2023, décrète aussitôt une situation de conflit interne et instaure l’état d’urgence. Ce dernier octroie à l’armée des pouvoirs spéciaux pour intervenir notamment dans les prisons. Elles étaient devenues les quartiers généraux de la mafia.

Depuis, les familles désespérées n’ont plus de nouvelles des détenus. À Guayaquil comme dans la plupart des centres de détention, l’armée a pris le contrôle des prisons et interdit les visites. Des nouvelles inquiétantes parviennent aux proches aux abords des prisons. Ils seraient battus et sans soins médicaux.

En quelques années, le crime organisé est devenu tout-puissant à Guayaquil. Coincé entre la Colombie et le Pérou, les deux principaux producteurs de cocaïne, l’Équateur est idéalement situé pour exporter la drogue. Guayaquil, le principal port du pays, a ainsi vu la criminalité se développer au fil des ans. De multiples gangs se partagent le gâteau du crime organisé, chacun se spécialisant – il y a ainsi des gangs de tueurs à gage, d’autres experts en extorsion, d’autres encore pratiquent les enlèvements.

Pour les habitants, Guayaquil est devenu invivable. Enlèvements, extorsions, crimes en tous genres peuvent survenir à tous les coins de rue. Ils sont de plus nombreux à vivre dans des quartiers fermés. D’autres, ceux qui le peuvent, préfèrent quitter le pays.