En visite à Pékin, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a affirmé, vendredi 26 avril, espérer que la Chine et les États-Unis fassent des "progrès", en entamant des discussions avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
De son côté, ce dernier a pointé des désaccords croissants et mis en garde contre le risque de "détérioration" des liens entre les deux puissances.
Antony Blinken effectue depuis mercredi sa deuxième visite en Chine en moins d'un an pour tenter de réduire les tensions entre les deux plus grandes économies du monde. Elles se sont nettement atténuées depuis sa précédente visite en juin. Mais des différends empoisonnent toujours les relations, notamment les restrictions américaines sur les exportations vers la Chine de technologies avancées, dont les semi-conducteurs.
Le réseau social TikTok est, par ailleurs, menacé d'interdiction aux États-Unis s'il ne coupe pas ses liens avec sa maison mère chinoise ByteDance. Washington soupçonne l'application d'être utilisée pour espionner des Américains, collecter des informations personnelles et servir également la propagande chinoise. TikTok nie catégoriquement ces allégations.
Avant son déplacement, Antony Blinken avait indiqué qu'il soulèverait avec ses interlocuteurs chinois des questions délicates, telles que les pratiques commerciales de la Chine, le soutien de Pékin à Moscou ou encore Taïwan.
Les relations entre les deux puissances "commencent à se stabiliser", a estimé vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, mettant toutefois en garde contre la persistance d'"éléments négatifs".
Les "intérêts fondamentaux" de Pékin "remis en question"
"Les relations sont confrontées à toutes sortes de difficultés. Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question", a souligné Wang Yi, dans une allusion aux restrictions américaines dans le secteur technologique.
"La Chine et les États-Unis doivent-ils continuer à aller dans la bonne direction, celle de la stabilité, ou retourner dans celle d'une détérioration ?", a feint de s'interroger Wang Yi.
En amont des discussions avec son homologue, Antony Blinken a affirmé qu'il serait "très clair, très direct" avec lui, tout en disant espérer "des progrès sur les questions sur lesquelles nos présidents se sont mis d'accord".
Les deux pays doivent être aussi "clairs que possible dans les domaines dans lesquels nous avons des divergences, au moins pour éviter les malentendus et les erreurs de calcul", a-t-il déclaré.
Aucune rencontre entre Antony Blinken et le président chinois Xi Jinping n'a été annoncée par Pékin. Lors de la précédente visite du chef de la diplomatie américaine en juin, l'organisation d'une réunion entre les deux hommes avait toutefois été rendue publique à la dernière minute.
Plaider pour la retenue sur la question de Taïwan
Le déplacement d'Antony Blinken, qui s'achève ce vendredi, est le signe d'une baisse des frictions entre la Chine et les États-Unis, exacerbées sous l'ancien président Donald Trump – qui promet à nouveau une ligne dure face à Pékin s'il remporte la présidentielle américaine de novembre.
Le président Joe Biden, tout en recherchant une plus grande stabilité entre les deux plus grandes économies du monde, maintient toutefois la pression.
Au cours des discussions, Antony Blinken devrait plaider pour la retenue au sujet de Taïwan, alors qu'un nouveau président sera investi le 20 mai.
L'archipel a d'autant plus de chances de figurer parmi les questions délicates susceptibles d'être soulevées que le Congrès américain a donné mardi son feu vert à une enveloppe d'assistance militaire de 95 milliards de dollars à destination d'alliés de Washington tels que Taipei.
Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale.
La volonté du gouvernement de Joe Biden de collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Si les Chinois ne fournissent pas directement d'armes à la Russie, Washington les a accusés ces dernières semaines de livrer du matériel et des technologies à double usage à ce pays qui facilitent son effort de réarmement, le plus important depuis l'époque soviétique.
Avec AFP