
Le directeur d'une prison en Équateur a été abattu dimanche 21 avril, en plein référendum national visant à durcir la lutte contre le trafic de drogue et les groupes criminels, a annoncé l'administration pénitentiaire.
Le directeur du pénitencier n°4 de Manabi, dans l'ouest de l'Équateur, "a été victime d'un attentat qui a malheureusement abouti à sa mort", a déclaré l'administration dans un communiqué.
Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, l'homme a été tué par balles alors qu'il était attablé au restaurant d'une petite localité de la côte Pacifique. Il gisait dans son sang, affalé sur la table de plastique blanc, une femme blessée à terre à ses côtés, lui tenant encore la main.
Ce dimanche, quelque 13,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour répondre par oui ou par non à onze questions posées par le président Daniel Noboa lors d'un référendum.
Au préalable de l'assassinat, le Conseil national électoral (CNE) a estimé que le vote s'est déroulé dans une ambiance "tranquille et sûre", sous la protection des forces de sécurité, évoquant une participation d'environ 60 %.
Parmi les principales propositions de cette consultation qui définira notamment "la direction et la politique d'État (...) contre la violence, le crime organisé, la lutte contre la corruption" selon le chef de l'État, figurent l'extradition des ressortissants équatoriens liés au crime organisé, notamment vers les États-Unis, une mesure très crainte par les narcos.
Les Équatoriens se prononcent sur la participation de l'armée au contrôle des armes, sur l'alourdissement des peines pour les délits liés au crime organisé et sur la possibilité pour les forces de sécurité d'utiliser des armes saisies. Mais aussi sur la formalisation d'un travail payé à l'heure, mesure vivement critiquée par les syndicats et les organisations indigènes, ainsi que la reconnaissance de l'arbitrage international pour résoudre les litiges en matière d'investissement et de commerce.
Le pays en guerre contre les gangs
L'Équateur, gangréné par le narcotrafic et la corruption, devenu la principale plateforme de l'exportation de cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins, fait face depuis mi-janvier à une grave crise sécuritaire provoquée par les gangs. L'un des épicentres de cette crise est le système carcéral, que le pouvoir tente de prendre en main, théâtre de massacres récurrents et des luttes de pouvoir des groupes criminels.
Le président Noboa, élu en novembre pour 18 mois et qui devrait briguer un nouveau mandat en 2025, a déclaré le pays en "conflit armé interne" et a déployé l'armée pour neutraliser une vingtaine de ces groupes.
Depuis, au moins une dizaine d'hommes politiques, responsables locaux, ou encore des procureurs ont été assassinés. Vendredi, un nouveau maire a été tué par balle. En août 2023, peu avant le premier tour de la présidentielle, le principal candidat de l'opposition avait été abattu à la sortie d'un meeting.
À ces tensions, s'ajoute la tempête diplomatique provoquée par l'assaut policier début avril sur l'ambassade du Mexique à Quito, pour capturer l'ancien vice-président de Rafael Correa (2007-2017), Jorge Glas (2013-2017), qui fait l'objet d'une enquête pour corruption.
Au niveau national, l'urgence du moment est énergétique, avec de sévères rationnements d'électricité (jusqu'à 13 heures par jour) et une revue en urgence des installations hydroélectriques. Conséquence de la sécheresse, du phénomène El Niño, mais aussi d'une mauvaise gestion administrative, de l'aveu même des autorités, cette pénurie d'électricité serait aussi le fait de "sabotages" liés à ses ennemis politiques, selon le président Noboa.
Un décret présidentiel vendredi a ordonné la mobilisation de la police et de l'armée "pour garantir la sécurité des infrastructures énergétiques".
Avec AFP