La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'en est violemment pris à Pékin et aux "cyberattaques", tout en défendant Google. Cible d'une attaque informatique la semaine dernière, le moteur de recherche a menacé de quitter la Chine.
Pékin aurait aimé que l’administration Obama s’en mêle le moins possible, Hillary Clinton en a décidé autrement. La secrétaire d’État américaine a réclamé, jeudi, que la Chine "mène une enquête minutieuse sur les intrusions informatiques" qui ont poussé Google à menacer, le 12 janvier, de cesser ses activités en Chine.
Très en verve, elle a déclaré lors d'une conférence de presse que les responsables de "cyberattaques" doivent "payer les conséquences" de leurs actes. Sans citer la Chine, elle a souligné que des sanctions étaient envisageables, aussi bien pour des particuliers que pour des pays. La cheffe de la diplomatie américaine en a appelé aux grands principes, estimant que les filtres Internet sont contraires à la déclaration universelle des droits de l’Homme.
Hillary Clinton avait défendu, une première fois, le géant de l’Internet au lendemain de l’attaque informatique qui avait visé les comptes Gmail (messagerie de Google) de militants des droits de l’Homme en Chine. Mais cette grande conférence de presse sur la liberté des réseaux informatiques a eu le mérite d’enfoncer le clou de manière beaucoup plus officielle et de réaffirmer un soutien à Google en tant qu’entreprise américaine véhiculant certaines valeurs.
Améliorer son image
Mercredi dernier, Google avait pris tout le monde de court en menaçant de quitter la Chine. Le géant de l’Internet avait en outre indiqué qu’il refusait de continuer de censurer les résultats des recherches - comme Pékin l’exige de la part de tous les sites travaillant en Chine. Sur un marché fort de plus de 350 millions d’internautes, ces prises de position avait été jugées, par certains, comme étant très lourdes de conséquences économiques.
Pékin, de son côté, a tenté depuis plusieurs jours de calmer le jeu pour éviter que ses bisbilles avec le célèbre moteur de recherche dégénèrent en crise diplomatique. Avant les déclarations d’Hillary Clinton, le ministre des Affaires étrangères chinois He Yafei avait expliqué à des journalistes locaux : "L’incident avec Google ne doit pas être relié aux relations bilatérales avec les Etats-Unis, ce serait lui accorder trop d’importance." Et d’ajouter que depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama, les relations entre les deux pays "sont stables".
La prise de position d’Hillary Clinton donne à cette affaire une dimension plus diplomatique. A ce jour, la querelle apparaissait comme une simple volonté de Google d’améliorer son image auprès des Chinois, qui lui préfèrent le moteur de recherche Baidu - largement inféodé aux autorités chinoises. Maintenant que la secrétaire d’Etat s’est prononcée, Google pourra utiliser ces déclarations lors des négociations qu’il doit mener avec Pékin, dans les semaines à venir.