Les Slovaques ont commencé à voter, samedi 8 avril, pour le deuxième tour de l'élection présidentielle, plus serré que jamais. Un scrutin sur fond de guerre en Ukraine voisine générant des positions controversées de la part de Bratislava.
L'ancien diplomate Ivan Korcok, pro-occidental, et Peter Pellegrini, proche du gouvernement sceptique à l'égard de Kiev, s'affrontent lors de ce dernier tour, et sont au coude à coude selon les derniers sondages.
Peter Pellegrini, président du parlement âgé de 48 ans, est crédité de 51 % d'intentions de vote, contre 49 % pour Ivan Korcok, 60 ans, ex-ministre des Affaires étrangères, selon un sondage de l'institut Focus.
"Il s'agit de la course présidentielle la plus serrée de tous les temps", déclare à l'AFP Vaclav Hrich, directeur général de l'institut de sondages AKO.
L'anti-européen et prorusse Stefan Harabin, arrivé troisième au premier tour avec 12 % des voix, n'a soutenu aucun des candidats avant le second tour. Cependant, "il est peu probable qu'Ivan Korcok recueille ses votes", dit à l'AFP Tomas Koziak, analyste à l'Université des affaires internationales ISM Slovaquie.
Selon un sondage AKO, plus de deux tiers des électeurs de Stefan Harabin ont l'intention de soutenir Peter Pellegrini.
Débat sur le soutien à l'Ukraine
L'invasion de l'Ukraine voisine par la Russie est devenue un élément incontournable de la campagne électorale dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'UE et de l'Otan, notamment depuis que le Premier ministre populiste Robert Fico, allié de Peter Pellegrini, a remis en cause la souveraineté de Kiev et appelé à la paix avec Moscou.
Peter Pellegrini a été ministre dans les précédents gouvernements de Robert Fico et l'a même remplacé à la tête du gouvernement en 2018. "Je me présente à la présidence pour sauver le gouvernement de Robert Fico", a déclaré Peter Pellegrini lors d'un débat télévisé avec Ivan Korcok.
"Vous voulez protéger le gouvernement. Je veux protéger la Slovaquie", a riposté son rival.
En place depuis octobre dernier, le gouvernement composé du parti Smer de Robert Fico, du parti Hlas de Peter Pellegrini et du petit parti d'extrême droite SNS, a interrompu l'aide militaire à l'Ukraine.
"Ivan Korcok est un belliciste qui soutiendra sans hésiter tout ce que l'Occident lui dira, y compris d'entraîner la Slovaquie dans la guerre", accuse Robert Fico dans une vidéo.
"La scène politique slovaque est divisée entre ceux qui sont en faveur de la poursuite de la guerre à tout prix et ceux qui exigent le début des négociations de paix", a déclaré Peter Pellegrini à l'AFP. "J'appartiens à cette dernière catégorie", a-t-il ajouté.
Ivan Korcok, critique virulent du gouvernement et soutenu par l'opposition, est résolument pro-Ukraine. "La Fédération de Russie a piétiné le droit international (...) Je ne pense pas que l'Ukraine doive renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à la paix", a déclaré Ivan Korcok à l'AFP.
L'exemple hongrois
"Si Peter Pellegrini gagne, la Slovaquie risque de suivre la voie d'Orban en termes de politique étrangère", estime l'analyste Tomas Koziak en référence au Premier ministre hongrois.
La Hongrie est considérée comme un fauteur de troubles au sein de l'UE, critiquée sur des questions d'État de droit et entravant les efforts de l'Union pour aider l'Ukraine.
"L'orientation pro-occidentale de Korcok est absolument évidente, son attitude envers la Russie serait sans compromis", selon Tomas Koziak.
"Je ne veux pas que Fico et ses amis occupent tout en Slovaquie, c'est pourquoi j'ai choisi Ivan Korcok. C'est un vrai homme politique démocratique", a déclaré à l'AFP Frantisek Hazik, 31 ans, qui travaille à Bratislava.
Pour Helena Vaclavova, 67 ans, retraitée le choix est évident: "Je sais que Peter Pellegrini ne veut que du bien pour ce pays, j'ai voté pour lui. Il nous défendra contre tout et sera un bon président."
Bien que sa fonction soit essentiellement cérémoniale, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées. Il peut également opposer son veto aux lois adoptées par le Parlement.
Les bureaux de vote se sont ouverts samedi à 05H00 GMT et ferment à 20H00 GMT. Les résultats provisoires sont attendus vers minuit.
Avec AFP