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La Somalie accuse l'Éthiopie d'interférence et renvoie son ambassadeur à Addis-Abeba
Le gouvernement somalien a annoncé, jeudi, avoir demandé l'expulsion de l'ambassadeur d'Éthiopie et fermé les représentations éthiopiennes dans le pays. La Somalie reproche à son voisin d'avoir reçu une délégation du Puntland. Cette région semi-autonome somalienne affirme ne plus reconnaître le gouvernement fédéral depuis dimanche.

Nouvel épisode de tensions entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique. La Somalie a ordonné, jeudi 4 avril, l'expulsion de l'ambassadeur d'Éthiopie et la fermeture de deux consulats de ce pays qu'elle accuse d'"interférer dans (ses) affaires intérieures".

Dans un communiqué, le gouvernement somalien annonce avoir décidé de la fermeture des représentations éthiopiennes et demande à son ministère des Affaires étrangères "d'informer l'ambassadeur du gouvernement éthiopien en République fédérale de Somalie de retourner dans son pays pour des consultations".

Ce départ doit s'opérer "dans les 72 heures", a précisé le ministre des Affaires étrangères, Ali Omar Ali, dans un message sur X.

Le gouvernement ordonne également que les représentations éthiopiennes dans les régions du Puntland et du Somaliland ferment "d'ici deux semaines" et que leurs personnels éthiopiens quittent le pays "d'ici une semaine"

L'exécutif somalien explique avoir pris cette décision "après avoir réalisé que le gouvernement éthiopien interfère ouvertement dans les affaires intérieures de la Somalie et viole la souveraineté de la Somalie".

Cette annonce intervient au lendemain de la réception au ministère éthiopien des Affaires étrangères d'une délégation de la région semi-autonome du Puntland, qui a annoncé dimanche ne plus reconnaître "les institutions de l'État fédéral" après que le parlement somalien a adopté le passage à un régime présidentiel.

Accord entre Éthiopie et le Somaliland

Les relations historiquement houleuses entre les deux pays se sont tendues depuis l'annonce, le 1er janvier, de la signature d'un "protocole d'accord" entre Addis Abeba et la région somalienne séparatiste du Somaliland prévoyant la location pour 50 ans à l'Éthiopie de 20 km de côtes somalilandaises.

Mogadiscio a dénoncé un accord "illégal", une "violation de sa souveraineté" équivalente à une "agression".

Les autorités somalilandaises ont affirmé qu'en échange de cet accès à la mer, l'Éthiopie allait devenir le premier État à les reconnaître officiellement, ce qu'aucun pays n'a fait depuis que ce petit territoire de 4,5 millions d'habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991.

Le gouvernement éthiopien s'est, lui, jusqu'à présent contenté d'affirmer qu'il allait "procéder à une évaluation approfondie en vue de prendre position concernant les efforts du Somaliland pour obtenir sa reconnaissance".

Le regain de tensions entre l'Éthiopie et la Somalie, dans une région en proie à l'instabilité chronique, a suscité l'inquiétude de nombreux pays et organisations internationales (États-Unis, Chine, Union européenne, Union africaine, Ligue arabe...) qui ont appelé au respect de la souveraineté somalienne.

Avec AFP

La Somalie accuse l'Éthiopie d'interférence et renvoie son ambassadeur à Addis-Abeba