Au Brésil, le président Lula a fait de la sauvegarde de la forêt amazonienne, devenue une condition prioritaire aux accords d’échange entre l’Union européenne et le Mercosur, une priorité de son gouvernement. Un an après son arrivée au pouvoir, le pari est réussi : la déforestation a diminué de moitié en Amazonie... quitte à sacrifier au passage un autre biome, tout aussi vital au pays-continent : le Cerrado. Cette savane a déjà perdu la moitié de sa végétation naturelle à cause des activités agricoles intensives.
Le Cerrado, la savane brésilienne, est située au cœur du pays et abrite 5 % de la biodiversité mondiale. Il subit désormais une déforestation deux fois plus rapide que celle de l’Amazonie. Située à l’est de la forêt amazonienne, sur les hauts plateaux à la frontière entre les États du Mato Grosso, du Tocantins, du Piaui et de Bahia, le Cerrado n’est plus que champs de soja et de maïs à perte de vue. Sacrifiée en silence, cette forêt fragile menace désormais de disparaître.
La production agricole brésilienne a atteint un niveau record cette année, en particulier dans l’ouest de l'État de Bahia, le "Matopiba", une région où l’agro-négoce règne en maître depuis les années 1980. Dans cette région, le développement de l’agriculture intensive a eu raison de 50 % de la couverture végétale de l’immense territoire du Cerrado, qui s’étend sur une superficie de deux millions de kilomètres carrés, soit quatre fois la France.
À l'inverse de l'Amazonie, où 80 % des terres doivent être protégées, dans le Cerrado, la loi n'oblige à sauvegarder que 20 % du territoire occupé. Un eldorado pour l'agrobusiness, dont les productions sont principalement exportées vers la France.