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Haïti en proie aux gangs : à Port-au-Prince, au moins une dizaine de corps retrouvés
Une dizaine de corps sans vie ont été retrouvés lundi dans une banlieue aisée de Port-au-Prince où des membres de gangs mènent des attaques depuis l'aube. Ces nouvelles violences montrent que la grave crise secouant Haïti depuis près d'un mois ne connaît pas de répit.

De jour en jour, le climat d'insécurité s'aggrave en Haïti. Une découverte mortelle, une quinzaine de corps sans vie, a été faite dans une banlieue aisée de Port-au-Prince où des membres de gangs mènent des attaques depuis l'aube.

Les États-Unis ont, de leur côté, espéré qu'un conseil présidentiel de transition – attendu depuis la semaine dernière – soit prêt "dès aujourd'hui (lundi)".

Un photographe de l'AFP a vu 14 dépouilles à Pétion-Ville, commune située en banlieue de Port-au-Prince. Deux habitants ont dit en avoir vu une dizaine, sans pouvoir dire dans quelles circonstances ces personnes avaient été tuées.

Mais ils ont affirmé que des "bandits armés" semaient la terreur depuis l'aube à Laboule et Thomassin, deux quartiers de Pétion-Ville. Ils ont attaqué une banque, une station-essence et des résidences privées, ont-ils précisé.

Parmi les maisons vandalisées figure celle d'un juge à la Cour des comptes, qui a pu évacuer les lieux de justesse grâce à une intervention policière, a dit l'un de ses proches à l'AFP. Des tirs étaient toujours entendus à Pétion-Ville lundi en début d'après-midi.

La capitale est à 80 % aux mains des gangs, accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.    

Retard pour former un conseil présidentiel de transition

Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince dans le cadre d'une lutte contre le Premier ministre Ariel Henry.

Très contesté, ce dernier n'a pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya. Il a annoncé sa démission lundi dernier, affirmant que son gouvernement gérerait les affaires courantes jusqu'à la mise en place d'un conseil présidentiel de transition.

Lors d'une réunion d'urgence le même jour avec des représentants d'Haïti, de l'ONU et des États-Unis entre autres, la Communauté des Caraïbes et ses partenaires ont chargé des partis politiques et le secteur privé haïtiens de mettre sur pied ces autorités transitoires.

Mais les négociations pour former cet organe de sept membres votants ont pris du retard, butant notamment sur des dissensions internes.

Les États-Unis ont affirmé lundi être confiants. "Les parties prenantes en Haïti sont très proches de finaliser la composition" du conseil, a déclaré Vedant Patel, un porte-parole du département d'État américain, disant "attendre des nouvelles de leur part dès aujourd'hui (lundi)".

La situation en Haïti "presque sortie d'une scène de 'Mad Max'"

Le Kenya, qui doit déployer un millier de policiers dans le cadre d'une mission multinationale d'appui à la sécurité, a annoncé suspendre l'envoi de ses hommes, mais a assuré qu'il interviendrait une fois un conseil présidentiel installé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit à huis clos lundi pour évoquer la situation en Haïti.

Dimanche, le couvre-feu a été prolongé jusqu'à mercredi dans le département de l'Ouest, qui englobe Port-au-Prince. 

La police nationale haïtienne a mené vendredi soir une opération dans le fief d'un chef de gang surnommé "Barbecue" près de Port-au-Prince, qui a fait plusieurs morts chez les gangsters, a déclaré un responsable d'un syndicat policier à l'AFP.

Ce week-end, la directrice exécutive de l'Unicef a décrit la situation en Haïti comme "horrible" et "presque sortie d'une scène de 'Mad Max'", film qui dépeint un futur post-apocalyptique.

"Beaucoup, beaucoup, de personnes souffrent gravement de la faim et de la malnutrition, et nous ne parvenons pas à leur apporter suffisamment d'aide", a déclaré Catherine Russell sur la chaîne américaine CBS. La situation actuelle "est la pire que quiconque ait vue depuis des décennies", a-t-elle ajouté.

Avec AFP