Ces longues files de voiture font partie du décor à Cuba depuis plusieurs années. Les automobilistes passent littéralement des journées entières à attendre pour faire le plein d’essence. "On est habitués, mais c’est harassant. On passe des heures juste pour acheter 40 litres d’essence", explique cet homme.
Pour faire face à une profonde crise de liquidités, le gouvernement a multiplié par cinq le prix de l’essence d’un jour à l’autre.
"Cuba importe la majorité de son pétrole et le fait aux prix du marché mondial", explique l'économiste Emily Morris. "Mais les autorités le vendent beaucoup moins cher. Donc ça coûte cher au gouvernement, qui a déjà un important déficit fiscal."
Mais pour les Cubains, cette brusque augmentation est surtout porteuse d’angoisse.
Avant le 1er mars, l’essence coûtait à Cuba 10 centimes d’euros le litre - l’un des prix les plus bas au monde. Mais cela semblait tout de même cher aux Cubains, dont les salaires n’ont pas suivi le cours de l’inflation ces dernières années.
À court terme, la mesure risque d’accélérer cette inflation. Dans un pays où le salaire moyen vaut à peine 16 dollars par mois, la fin des privations semble loin pour les Cubains alors que la sous-nutrition continue de progresser.