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Les suicides en prison en hausse en 2009

L'année 2009 a vu une nouvelle hausse du nombre de suicides dans les prisons françaises : 115 détenus ont mis fin à leurs jours, contre 109 en 2008. La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, qualifie ces chiffres de "dramatiques".

AFP - La France, qui a le taux de suicides en prison le plus élevé d'Europe de l'Ouest, a enregistré en 2009 une nouvelle hausse du nombre de détenus ayant mis fin à leurs jours, selon les chiffres annoncés lundi par la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie.

L'an dernier, 115 détenus se sont suicidés en prison, chiffre qui englobe les décès constatés en cellule ainsi qu'à l'hôpital des suites de leur geste, comparé à 109 en 2008, a annoncé la garde des Sceaux devant la presse.

Si l'on inclut les personnes en semi-liberté, en permission de sortie, en hospitalisation ou sous bracelet électronique, le nombre de suicides a atteint 122 en 2009 contre 115 en 2008.

Mme Alliot-Marie a qualifié ces chiffres de "dramatiques", tout en notant un effet positif des mesures de prévention arrêtées l'été dernier. 84 suicides ont ainsi été comptabilisés sur les sept premiers mois de 2009, et 31 sur les cinq derniers mois, a-t-elle fait valoir.

En août dernier, la garde des Sceaux avait annoncé des mesures de prévention du suicide des détenus les plus vulnérables : généralisation de "kits de protection", matelas anti-feu, draps indéchirables, et pyjamas en papier à usage unique pour éviter les pendaisons, moyen utilisé dans 90% des tentatives de suicide de détenus.

"Plus de 900 personnels pénitentiaires ont bénéficié" de formations visant à détecter les détenus qui présentent un risque suicidaire et à mieux les accompagner, a-t-elle dit. Elle a par ailleurs chiffré à 17 le nombre de suicides de surveillants.

Selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée à la mi-décembre, la France détient le taux de suicides en prison le plus élevé de l'Europe des Quinze (20 suicides pour 10.000 détenus, moyenne annuelle entre 2002 et 2006).

"Les choses s'aggravent", a commenté auprès de l'AFP le Dr Louis Albrand, auteur d'un rapport sur le suicide en milieu pénitentiaire remis l'hiver dernier à l'Administration pénitentiaire (AP).

Selon lui, "il y a un problème chronique, structurel. Tant qu'on n'aura pas changé cette culture pénitentiaire de la punition, pour une culture de réinsertion, on aura en France des taux de suicide conséquents".

L'Observatoire International des Prisons (OIP) a pour sa part estimé qu'avec un chiffre total de 122 suicides de personnes sous écrou, "on est revenu aux chiffres de 2004-2005". "Il est indécent qu'on puisse faire un tel constat sans remettre en cause la politique de prévention menée aujourd'hui", a estimé Stéphanie Djian, déléguée nationale adjointe.

Mme Alliot-Marie a réaffirmé que la politique pénitentiaire était "une priorité". Elle a confié à l'ancien homme d'affaires Pierre Botton, qui a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour "abus de biens sociaux", une mission visant à améliorer les conditions de détention des primo-délinquants.

Son dispositif, qui vise à améliorer l'accueil des personnes qui arrivent en prison pour la première fois et à faciliter leur "compréhension de la peine", avec l'aide notamment des aumôniers, sera expérimenté à la maison d'arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine).

La garde des Sceaux a rappelé que 5.000 places supplémentaires de prison doivent être créées, pour atteindre 68.000 en 2017 et lutter contre la surpopulation carcérale. 12.000 places vétustes doivent être fermées et remplacées par des neuves.

Les nouveaux établissements ne dépasseront pour la plupart pas 700 places, a-t-elle précisé. Une soixantaine d'établissements seront fermés entre 2015 et 2017, en concertation avec les autorités locales.