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Interview avec Tucker Carlson : Vladimir Poutine juge une défaite russe "impossible" en Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a choisi le conservateur américain Tucker Carlson pour accorder son premier entretien avec un journaliste occidental depuis le conflit en Ukraine. Dans l'entretien mis en ligne jeudi sur le site du journaliste vedette, il estime que la Russie ne peut pas être vaincue en Ukraine et dit écarter l'idée d'envahir la Pologne ou la Lettonie.

Au cours d'une longue interview mise en ligne jeudi 8 février sur le site du journaliste ultra conservateur américain Tucker Carlson, le président russe Vladimir Poutine a affirmé qu'une défaite de la Russie en Ukraine était "impossible" .

Dans ce message de plus de deux heures à l'adresse de l'Amérique et de l'Occident, qui a souvent pris une tournure de leçon d'histoire très subjective, le président russe a également dit écarter l'idée d'envahir la Pologne ou la Lettonie, deux pays dans lesquels son pays "n'a pas d'intérêts".

Ep. 73 The Vladimir Putin Interview pic.twitter.com/67YuZRkfLL

— Tucker Carlson (@TuckerCarlson) February 8, 2024

"Jusqu'ici, il y a eu les vociférations et les cris sur (la nécessité) d'infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille", a-t-il déclaré à l'ex-animateur star de Fox News, dans une grande salle où les deux hommes étaient assis face à face dans des fauteuils blancs.

"Mais à présent, ils semblent se rendre compte que c'est difficile à réaliser, voire impossible. À mon avis, c'est impossible par définition. Ça n'arrivera jamais. Il me semble que maintenant, ceux qui sont au pouvoir en Occident en sont également conscients", a ajouté celui qui a lancé l'invasion de l'Ukraine en février 2022. "Si cette réalisation a été bien comprise, ils doivent réfléchir à la suite. Nous sommes prêts à ce dialogue", a-t-il assuré. Les propos du maître du Kremlin, qui s'exprimait en russe, étaient doublés en anglais.

Vladimir Poutine a en outre affirmé qu'il était possible de trouver un accord pour la libération du journaliste américain Evan Gershkovich, détenu en Russie depuis presque un an. "Je crois qu'un accord peut être conclu", a-t-il dit. "Il n'y a pas de tabou pour régler cette question. Nous sommes prêts à la résoudre mais certains termes sont en train d'être discutés via des canaux des services spéciaux."

"Pas question"

Le président russe, dont cette interview est la première qu'il a accordée à un journaliste occidental depuis le lancement de la guerre de grande ampleur en Ukraine, a aussi dit exclure une invasion de la Pologne ou de la Lettonie. "Pouvez-vous imaginer un scénario dans lequel vous envoyez des troupes russes en Pologne ?", lui a demandé Tucker Carlson, un proche de l'ex-président américain Donald Trump.

"Seulement dans un cas de figure, si la Pologne attaque la Russie", a répondu Vladimir Poutine. "Nous n'avons pas d'intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs. Pourquoi ferions-nous cela ? Nous n'avons tout simplement aucun intérêt (...). Il n'en est pas question", a-t-il ajouté.

Le président russe a en outre affirmé que l'élection d'un nouveau président américain, prévue le 5 novembre et qui devrait opposer le républicain Donald Trump au démocrate Joe Biden, ne changerait pas les relations entre les États-Unis et la Russie. "Vous venez de me demander si quelque chose changerait si un autre dirigeant arrivait. Ce n'est pas une question de qui est le dirigeant, de la personnalité d'une personne en particulier", a affirmé Vladimir Poutine.

Donald Trump comme Vladimir Poutine ne tarissent pas d'éloges l'un sur l'autre. Donald Trump s'est vanté, sans plus de précisions, de pouvoir résoudre la guerre en Ukraine en 24 heures s'il était réélu. Le président Biden, lui, a qualifié son homologue russe de criminel de guerre, et affiche un soutien ferme à Kiev.

Tucker Carlson a annoncé en grande pompe cette semaine qu'il interviewait Vladimir Poutine. Les médias d'État russes ont abondamment couvert la visite du présentateur, publiant notamment des photos de lui à l'aéroport et au célèbre théâtre du Bolchoï.

Avec AFP