"Perfectionner" l'armée pour gagner la guerre. Au lendemain de sa nomination à la tête des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky a fixé un plan "clair" pour pour repousser les Russes : pour lui, les forces armées ukrainiennes doivent s'adapter et trouver des méthodes de combat innovantes.
Moscou jure de son côté que les changements de commandement à Kiev n'affecteront pas le cours du conflit.
"Seuls le changement et le perfectionnement continu des moyens et méthodes de guerre nous permettront de réussir", a affirmé sur Telegram le général Syrsky dans sa première prise de parole publique en tant que nouveau chef d'état-major de l'armée.
Oleksandr Syrsky, auparavant aux commandes de l'armée de terre, a été promu jeudi à la tête de l'armée ukrainienne, forte de 800 000 hommes, au cours du plus grand remaniement de l'état-major depuis le début de la guerre. La présidence ukrainienne estime qu'un changement était nécessaire après deux ans de guerre, alors que le front semble gelé.
En tant que commandant de l'armée de terre, Oleksandr Syrsky a notamment supervisé la défense de la capitale Kiev au début de l'offensive russe et planifié en juillet 2022 la contre-offensive éclair ayant permis à l'Ukraine de reprendre la ville de Kharkiv, deux des plus grands succès de la première année de guerre.
Toutefois, certains soldats ukrainiens l'ont critiqué pour la façon dont il a ensuite dirigé la défense prolongée de la ville de Bakhmout, où des milliers de soldats ont péri des deux côtés avant que les forces de Kiev ne se retirent en mai 2023.
Plan de bataille "réaliste"
Le président Volodymyr Zelensky a immédiatement réclamé au nouveau commandant des armées un plan de bataille "réaliste" pour 2024, au moment où Kiev s'inquiète de l'effritement du soutien occidental entraîné par des dissensions internes aux États-Unis et dans l'Union européenne.
"Il s'agit de planifier de manière claire et détaillée les actions de tous les organes" pour permettre "la victoire", a poursuivi Oleksandr Syrsky, qualifié jeudi de "général le plus expérimenté d'Ukraine" par Volodymyr Zelensky.
Problème majeur actuellement, l'armée ukrainienne manque de munitions. Or, "la distribution et la livraison rapides et rationnelles de tout ce qui est nécessaire aux unités de combat a été et reste la tâche principale de la logistique militaire", a assuré le nouveau chef d'état-major.
Le général a aussi assuré que limiter les pertes humaines était sa priorité. "La vie et la santé des soldats a toujours été et reste la principale valeur de l'armée ukrainienne", a-t-il juré.
Pas assez de munition à l'épicentre de la bataille
Après bientôt deux ans de combats acharnés, l'Ukraine fait face à de nombreuses difficultés sur le front. Son armée manque de munitions, indispensables pour résister aux assauts russes qui, eux, se multiplient notamment à Avdiïvka, épicentre de la bataille.
L'armée de Kiev se concentre ainsi sur l'attaque, avec des drones et des missiles, d'installations militaires et énergétiques sur le sol russe, un moyen de forcer l'armée de Moscou à retirer certains de ses hommes et de ses équipements du front vers les lignes arrières.
Vendredi, les services spéciaux ukrainiens ont ainsi revendiqué auprès de l'AFP avoir "frappé" deux raffineries de pétrole en Russie dans la région de Krasnodar, au sud du pays, qui "fournissent du carburant aux troupes russes" engagées en Ukraine. Les secours russes locaux ont reconnu l'existence d'un incendie sur la raffinerie à Ilsky, sans toutefois faire de lien entre cet incident et les attaques de drones rapportées par le ministère russe de la Défense.
Car l'armée russe avait un peu plus tôt assuré, comme à son habitude, avoir neutralisé dans la nuit 19 drones ukrainiens dans quatre régions différentes, dont celle de Krasnodar, et au-dessus de la mer Noire.
L'Ukraine a, elle, dit avoir abattu 10 des 16 drones de conception iranienne "Shahed" lancés par la Russie dans la nuit.
Une défaite russe "impossible", selon Poutine
Ce changement de commandement n'a toutefois pas entamé la détermination de la Russie à poursuivre son invasion de l'Ukraine, dont l'armée occupe environ 20 % du territoire.
"Nous ne pensons pas que ce soit des facteurs qui peuvent changer le cours de l'opération militaire spéciale", a balayé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Lors d'un entretien avec le journaliste conservateur américain Tucker Carlson, le président russe Vladimir Poutine a lui-même assuré qu'une défaite en Ukraine était "impossible". "Ça n'arrivera jamais", a-t-il lancé, ragaillardi après une année 2023 marquée par l'échec de la contre-offensive de Kiev.
La Russie avait elle aussi effectué plusieurs changements au sein de son état-major, notamment à la suite de l'humiliante retraite en septembre 2022 de ses troupes de la région de Kharkiv, dans le Nord-Est de l'Ukraine, et après la mutinerie avortée du groupe Wagner en juin 2023.
Avec AFP et Reuters