
De nouvelles attaques contre des navires en mer Rouge ont été menées vendredi 15 décembre par les rebelles houthis du Yémen. La mer Rouge constitue une zone maritime cruciale pour le commerce maritime international, où les Houthis représentent une "menace" à laquelle les États-Unis et leurs partenaires entendent faire face.
Proches de l'Iran, les Houthis avaient prévenu qu'ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre l'État hébreu et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Ils ont affirmé vendredi avoir mené "une opération militaire contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III, qui se dirigeaient vers l'entité israélienne".
Les navires ont été visés par deux missiles "après que leur équipages ont refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites ainsi qu'aux messages d'avertissement", a affirmé leur porte-parole militaire, Yehya Sari, lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens organisée à Sanaa, la capitale qu'ils contrôlent depuis 2014.
La société de renseignement maritime Ambrey avait indiqué plus tôt que les deux navires, dont l'un se dirigeait selon elle vers Jeddah, en Arabie saoudite, avaient été menacés probablement car leur propriétaires, l'armateur suisse MSC, a "coopéré avec Israël".
Un navire touché par un "objet inconnu"
Plus tôt dans la journée, un autre incident avait impliqué dans la même zone un porte-conteneurs battant pavillon du Liberia, détenu par la société allemande Hapag-Lloyd. "Nous savons que quelque chose, qui a été tiré d'une région contrôlée par les Houthis au Yémen, a touché un navire qui a été endommagé et qu'un incendie a été signalé", a dit à l'AFP un responsable militaire américain.
L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO a également rapporté qu'un navire avait été touché par un "objet inconnu", déclenchant un incendie, sans faire de victimes.
"Il y a eu une attaque contre l'un de nos navires", a confirmé un porte-parole de Hapag-Lloyd AG à l'AFP, précisant que la navire était en route vers Singapour depuis le port grec du Pirée. Il n'y a pas eu de blessés et le bateau poursuit sa route vers sa destination, selon la même source.
Selon Ambrey, la compagnie allemande a des bureaux dans les ports israéliens d'Ashdod, Haïfa et Tel-Aviv.
Les Houthis menacent la sécurité d'Israël et le transport maritime international, a dénoncé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. "Les attaques des Houthis contre des navires marchands civils en mer Rouge doivent s'arrêter immédiatement", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin.
Le géant danois du transport maritime Maersk a de son côté ordonné vendredi à ses navires de ne plus passer par le détroit de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique et par lequel transite 40 % du commerce international. "À la suite de l'incident qui a visé Maersk Gibraltar hier et d'une nouvelle attaque contre un porte-conteneurs aujourd'hui, nous avons demandé à tous les navires Maersk de la région qui doivent passer par le détroit de Bab al-Mandab d'interrompre leur voyage jusqu'à nouvel ordre", selon un communiqué adressé à l'AFP.
Dans un communiqué, l'armateur allemand Hapag-Lloyd a également annoncé vendredi qu'il suspendait au moins jusqu'à lundi les traversées de ses porte-conteneurs en mer Rouge.
"Faire face à cette menace"
En visite en Israël, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé vendredi que les rebelles yéménites houthis "représent(ai)ent une menace concrète pour une libre navigation" en mer Rouge.
"Les États-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace", a-t-il ajouté à Tel-Aviv, après avoir rencontré des responsables israéliens.
Le ministre iranien de la Défense, Mohammed Reza Ashtiani, avait mis en garde mercredi contre un éventuel déploiement de forces multinationales en mer Rouge. "S'ils prennent une décision aussi irrationnelle, ils seront confrontés à des problèmes extraordinaires", avait-il déclaré à l'agence officielle Isna. "Personne ne peut agir dans une région où nous sommes prédominants", avait-il ajouté.
Quelque 20 000 navires circulent chaque année sur cette route maritime reliant la Méditerranée à l'océan Indien.
Les Houthis ont multiplié ces dernières semaines les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab. Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français patrouillant dans la zone.
Les risques accrus en mer Rouge ont poussé certains bateaux à la contourner et ont augmenté les coûts d'assurance, selon des experts.
Les Houthis ont affirmé vendredi que les bateaux "se dirigeant vers tous les ports du monde, à l'exception des ports israéliens", ne seront pas visés s'ils répondent aux directives de leurs forces armées.
Les navires à destination des ports israéliens, en revanche, seront empêchés "de naviguer en mer d'Arabie et mer Rouge jusqu'à l'entrée de la nourriture et des médicaments dont nos frères de la bande de Gaza ont besoin", ont-ils ajouté.
Selon Mohammed Albasha, spécialiste du Moyen-Orient au centre d'analyse américain Navanti Group, les derniers incidents "augmentent le niveau d'inquiétude" et montrent que "les Houthis sont prêts à viser tout ce qui est associé à Israël", quels que soient les liens.
Jeudi, les rebelles ont revendiqué une attaque contre le porte-conteneurs Maersk Gibraltar, mais le missile a raté sa cible, selon un responsable américain.
Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen mais ne sont pas reconnus par la communauté internationale, sont, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, membres de "l'axe de la résistance" contre Israël, soutenu par l'Iran.
Avec AFP