
Philomé Robert, envoyé spécial de FRANCE 24 en Haïti, nous raconte son arrivée à Port-au-Prince, une ville ravagée où l'État haïtien semble totalement absent.
"En arrivant sur le sol de la République dominicaine, j'ai déjà ressenti l'effroi. Tout le long de la route, nous avons aussi vu la solidarité des Dominicains, il y avait des drapeaux en berne partout, des convois partant ou venant d'Haïti.
Haïtien et exilé politique depuis huit ans, Philomé Robert nous livre son témoignage :
"J'ai pu retrouver ma famille, elle est saine et sauve. Elle est dans la rue, comme beaucoup d'habitants de Port-au-Prince. Leurs maisons sont fissurées, beaucoup sont détruites, mais ils sont en vie. J'ai pu serrer dans mes bras ma mère, ma sœur, mes proches. J'ai aussi perdu beaucoup de proches, des amis, des cousines, mais mon cercle familial rapproché va bien. Aujourd'hui, j'ai essayé de les faire évacuer vers le nord du pays. C'est en train de se faire.
Je suis personnellement touché, balafré par ce que j'ai vu. J'ai retrouvé mon pays après huit ans d'absence.
Je remercie tous les téléspectateurs et internautes de FRANCE 24 pour leur message de soutien."
Quand je suis arrivé à Port-au-Prince même, ça a été une autre histoire. Je me suis retrouvé dans une capitale ravagée, dévastée, détruite. Je n'aurais jamais imaginé voir la capitale dans un tel état. (...)
L'État haïtien ne peut pas se relever, c'est impossible. Quand on connaît les gens et les structures de cet État, qui était déjà fissuré, fragile, on sait que ce n'est pas possible.
Un palais présidentiel de fortune
La direction centrale de la police judiciaire, qui est juste à côté de l'aéroport, fait office de palais présidentiel de fortune. C'est là que se réunit ce qu'il reste du gouvernement. Après le séisme, tous les membres du cabinet sont partis à la recherche de leurs propres familles, tous ont été victimes d'une façon ou d'une autre ; certains ont perdu un enfant, une mère...
Tout ce qui pouvait constituer l'État haïtien s'est retrouvé par terre. Maintenant, ils essaient de donner une réponse, pour coordonner l'aide internationale qui arrive massivement. Mais cela ne se traduit que très très peu sur le terrain.
Il y a encore beaucoup de cadavres qui jonchent les rues, les gravats n'en parlons même pas... Port-au-Prince et ses environs ne sont que ruines et désolation absolue. L'État tente de se remettre en marche, mais c'est extrêmement compliqué."