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Le Pakistan secoué par des attentats meurtriers à la veille d'élections législatives
Au moins 28 personnes ont été tuées mercredi dans deux attentats près de bureaux de candidats aux élections dans la province pakistanaise du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays, soulevant des inquiétudes à la veille des élections législatives et provinciales prévues jeudi. Dans la soirée, l'organisation État islamique a revendiqué les attentats.

Au moins 28 personnes ont été tuées, mercredi 7 février, en deux endroits distincts du sud-ouest du Pakistan, dans deux explosions causées par des engins piégés près des bureaux de candidats aux élections législatives et provinciales de jeudi. Des attentats revendiqués dans la soirée par le groupe jihadiste État islamique.

Plus d'un demi-million de membres des forces de sécurité ont été déployés à l'occasion du scrutin, pour lequel les autorités ont commencé mercredi la distribution des bulletins dans plus de 90 000 bureaux de vote.

Une forte hausse des violences a été observée dans les jours précédant le scrutin. Au moins deux candidats ont été abattus pendant la campagne et des dizaines d'autres ont été attaqués dans tout le pays.

"L'objectif des explosions d'aujourd'hui (mercredi) était de saboter l'élection", a déclaré Jan Achakzai, le ministre de l'Information de la province du Baloutchistan, lieu des deux attentats.

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Malgré ces attaques, "l'élection aura lieu demain (jeudi). Les gens au Baloutchistan iront voter demain sans aucune peur", a-t-il affirmé.

Une première explosion d'un engin piégé a fait 12 morts et 25 blessés, près du bureau d'un candidat indépendant aux élections provinciales, dans le district de Pishin, à environ 50 km au nord de Quetta, la capitale du Baloutchistan, selon M. Achakzai et la police locale.

Un second engin piégé a explosé près du bureau électoral du candidat local du parti religieux conservateur JUI-F (Jamiat Ulema-e-Islam-F), sur le marché principal de la ville de Killa Saifullah, à environ 150 km au nord-est de Quetta, faisant au moins 12 morts, a indiqué M. Achakzai.

Le Baloutchistan, province riche en hydrocarbures et en minerais, frontalière de l'Afghanistan et de l'Iran, est depuis longtemps le théâtre de violences séparatistes. Des groupes jihadistes, comme le groupe État islamique (EI), y sévissent également.

Tombé en disgrâce

La crédibilité des élections dans cette république islamique de 240 millions d'habitants a par avance été mise en doute, avec l'incarcération du populaire ex-Premier ministre Imran Khan et la répression à l'encontre de son parti.

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La campagne a officiellement pris fin mardi à minuit et les bureaux de vote doivent ouvrir jeudi à 8 h locales (3 h GMT), pour fermer à 17 h.

À Lahore, la capitale de la province du Pendjab (centre-est), des directeurs de scrutin accompagnés de policiers ont commencé mercredi à emmener des sacs verts remplis de bulletins vers les bureaux de vote.

"L'organisation en terme de sécurité est bien meilleure, parce que l'ECP (la Commission électorale, ndlr) a installé son application et pris d'autres mesures", a expliqué un responsable de bureau électoral, Mohammad Baqir, en référence à la surveillance électronique de ceux qui collectent les bulletins.

"Le travail se passe sans problème", a-t-il insisté. Quelque 128 millions d'électeurs sont appelés aux urnes, dans le cinquième pays le plus peuplé au monde.

Près de 18 000 candidats se présentent aux élections pour obtenir un siège à l'Assemblée nationale ou aux assemblées provinciales.

L'Assemblée nationale compte 336 députés, dont 266 sont élus par un scrutin uninominal à un tour et 70 autres à la proportionnelle (60 sièges réservés aux femmes et 10 pour les minorités religieuses: chrétiens, hindous...).

Les Pakistanais "découragés"

Tombé en disgrâce auprès de l'armée - qui l'avait pourtant soutenu en 2018 - après l'avoir violemment critiquée, Imran Khan a été condamné à trois longues peines de prison pour corruption, trahison et mariage illégal.

Et son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), n'a pu mener campagne sur le terrain et dans les médias, trouvant seulement refuge sur les réseaux sociaux.

La porte semble ainsi ouverte à la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif qui pourrait, à 74 ans, redevenir Premier ministre pour la quatrième fois.

"C'est une atmosphère... de carnaval. Les élections sont après-demain, mais nous célébrons déjà", a déclaré celui-ci mardi pour son dernier meeting devant 15 000 personnes à Kasur, près de Lahore.

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Nawaz Sharif est rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres. Les analystes estiment qu'il a passé un accord avec l'armée, à laquelle il reprochait pourtant jusque-là de l'avoir écarté des précédentes élections.

Il a depuis son retour bénéficié de l'annulation de plusieurs condamnations antérieures pour corruption.

Le chaos politique, qui s'ajoute à la dégradation de la sécurité et à une grave crise économique, laisse les Pakistanais "plus découragés qu'ils ne l'ont été depuis des décennies", a observé mardi Gallup.

Selon cet institut de sondage, "sept Pakistanais sur 10 n'ont pas confiance dans l'intégrité des élections", "une importante régression par rapport à ces dernières années".

Avec AFP