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Guerre en Ukraine : Zelensky en quête d'aide à Washington, la Russie dit avancer sur le front
En visite aux États-Unis, le président ukrainien Volodymyr Zelensky accentue la pression pour que son allié américain débloque des fonds. Le temps presse : la Russie a donné mardi matin une nouvelle preuve de l'intensification de sa pression sur le front en revendiquant des avancées "significatives" dans la région de Zaporijjia.

Le plaidoyer de la dernière chance ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky multiplie mardi 12 décembre les réunions, au Congrès et à la Maison Blanche, pour éviter que Washington ne coupe les vivres à son pays en guerre.

Car le temps presse. La Russie a donné mardi matin une nouvelle preuve de l'intensification de sa pression sur le front, en revendiquant des avancées "significatives" dans la région méridionale de Zaporijjia.

Selon l'armée ukrainienne, la Russie multiplie les attaques tout au long du front, qui s'étale sur quelque 1 000 kilomètres, et Vladimir Poutine s'est lui enorgueilli ces derniers jours des progrès de son armée. À l'inverse, la grande offensive estivale de Kiev a, elle, échoué.

Pour la troisième fois en un an, le dirigeant ukrainien arpentera les couloirs du Congrès américain, théâtre cette fois-ci de tractations très tendues autour d'une aide additionnelle pour Kiev.

"Ce sera sa visite la plus importante", a affirmé le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer.

Le Parlement américain a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe en février 2022, mais a buté la semaine dernière sur le nouveau volet réclamé par le président américain Joe Biden – quelque 61 milliards de dollars. 

Avancée "significative" de l'armée russe

Les démocrates sont en faveur de nouveaux fonds. Les républicains n'y sont pas totalement opposés, mais exigent en retour de leur vote des changements majeurs à la politique migratoire des États-Unis. Sur ce point, les discussions patinent. De quoi frustrer le président ukrainien.

"S'il y a bien quelqu'un qui se réjouit des tractations sans fin au Capitole, c'est Poutine et sa clique de détraqués", a accusé Volodymyr Zelensky lundi.

Le Kremlin a de son côté prévenu mardi que toute nouvelle aide américaine était vouée au "fiasco", jugeant que les "dizaines de milliards de dollars injectés en Ukraine ne l'(avaient) pas aidée à réussir sur le champ de bataille".

Vladimir Poutine s'était félicité du fait que l'armée ukrainienne arrivait "à court" d'armements, selon une vidéo diffusée dimanche et filmée lors d'une cérémonie vendredi. "Quand on n'a pas sa propre base, sa propre idéologie, sa propre industrie (de défense), son propre argent, rien à soi, on n'a pas d'avenir", a-t-il asséné au sujet de l'Ukraine. "Or, nous avons tout cela."

La Russie, qui a tourné son économie vers l'effort de guerre, pousse toujours plus fort dans le sud et l'est de l'Ukraine. L'armée russe a avancé "de manière significative" dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine partiellement occupé, a affirmé mardi le gouverneur installé par Moscou, Evguéni Balitski.

Les Russes ont lancé, en outre, il y a deux jours une "offensive massive" autour d'Avdiïvka et Mariinka, points chauds du front oriental, a déclaré Oleksandre Tarnavsky, commandant ukrainien de la zone, assurant que ses troupes "tenaient fermement" leurs positions. L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces affirmations des belligérants.

Moscou continue aussi ses frappes quotidiennes à travers l'Ukraine. Mardi, un bombardement a tué un homme de 73 ans à Koupiansk, dans le nord-est, selon les autorités locales.      

Crainte d'un effet domino avec l'aide militaire européenne à Kiev

Volodymyr Zelensky compte donc répéter aux sénateurs américains, réunis à 9 h (14 h GMT), que l'aide des États-Unis est essentielle pour arrêter Vladimir Poutine. Il doit ensuite s'entretenir avec le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, un échange particulièrement important.

Son prédécesseur a été destitué il y a seulement quelques semaines par des élus trumpistes opposés à une aide additionnelle à Kiev, accusé entre autres d'avoir conclu un "accord secret" sur l'Ukraine avec les démocrates.

Le Congrès n'a en théorie que jusqu'à vendredi – quand commencent les vacances parlementaires – pour parvenir à un accord sur des fonds supplémentaires. La Maison Blanche a déjà prévenu qu'elle serait "à court d'argent" d'ici la fin de l'année si rien n'était fait.

L'Ukraine craint qu'un blocage durable aux États-Unis puisse aussi affecter l'aide militaire européenne à Kiev, l'UE débattant elle aussi de la suite à donner à son assistance.

Sans nouvelle enveloppe, Vladimir Poutine va "traverser" l'Ukraine et l'Europe, a prévenu le sénateur américain Chuck Schumer.

Conscient que le sentiment d'urgence s'est bien émoussé à Washington, le président Joe Biden avait demandé au Congrès de coupler sa demande d'aide pour l'Ukraine à une d'environ 14 milliards pour Israël, un allié des États-Unis en guerre contre le Hamas. Pour l'instant, en vain.

Le dirigeant démocrate recevra son homologue ukrainien en début d'après-midi à la Maison Blanche, avant une conférence de presse commune. L'occasion pour le président américain de réaffirmer son soutien aux Ukrainiens, "en particulier en cette période très difficile", a souligné un porte-parole de l'exécutif américain, John Kirby.

Avec AFP