Les autorités turques évoquent un acte "terroriste" : un civil a trouvé la mort et cinq personnes, dont trois policiers, ont été blessées au cours d'une attaque contre le palais de justice d'Istanbul, mardi 6 février. Les deux assaillants ont été tués, a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le ministère de l'Intérieur avait précédemment fait état de la mort de deux assaillants dans un attentat perpétré par une organisation marxiste-léniniste radicale, ajoutant que trois policiers qui gardaient le palais et trois civils avaient été blessés.
L'attaque visait le poste de police à l'entrée du palais de justice. Les blessés, dont l'un a succombé à ses blessures, ont été hospitalisés.
"Je félicite nos forces de sécurité qui ont éliminé cette attaque perfide grâce à une intervention opportune. Deux terroristes, une femme et un homme, ont été neutralisés", a déclaré le chef de l'État lors d'une cérémonie commémorant le séisme du 6 février 2023 à Kahramanmaras (sud-est), près de l'épicentre.
"La Turquie continuera de lutter avec détermination contre toutes les organisations terroristes et leurs partisans, sans aucune discrimination", a-t-il promis.
Échange de tirs
Selon le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, les deux assaillants ont été "identifiés comme des membres du groupe terroriste DHKP-C". Qualifiée de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, cette organisation marxiste-léniniste radicale a revendiqué plusieurs attentats en Turquie par le passé.
Le ministre n'a pas précisé quelles étaient les armes utilisées pour l'attaque, mais un témoin rencontré sur les lieux par l'AFP a assuré avoir assisté à un échange de tirs : "J'ai vu deux personnes, un homme et une femme, tirer sur la police. L'homme a été abattu en premier. Puis la femme a tiré encore quelques coups de feu", a raconté Mahir Yildiz, 25 ans, évoquant la "panique" qui s'est emparée des personnes présentes.
"J'ai entendu 20 à 25 coups de feu. Il y avait une grande panique et une grande peur à ce moment-là. Nous ne savions pas quelle direction prendre" a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "terrorisme" et toute entrée ou sortie du palais de justice de Caglayan ont été temporairement suspendues.
Istanbul et Ankara prises pour cible
Le groupe armé d'extrême-gauche DHKP-C ("Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple"), fondé il y a près de 50 ans, ne s'en prend cependant généralement pas aux forces armées turques, mais vise plutôt les intérêts "impérialistes" américains et l'Otan.
Il figure notamment sur la liste officielle des organisations terroristes de l'Union européenne et des États-Unis, qui ont offert trois millions de dollars en 2014 pour la capture de ses dirigeants.
Un kamikaze s'en réclamant s'était fait exploser en 2013 devant l'ambassade des États-Unis à Ankara, tuant un garde turc.
Le groupe avait aussi commis en 2015 une attaque contre le palais de justice d'Istanbul, tuant le procureur d'alors, Mehmet Selim Kiraz.
Plusieurs attaques attribuées ou revendiquées par différents groupes armés ont récemment visé Istanbul et Ankara.
Un homme a notamment été tué fin janvier à Istanbul en pleine messe dans une église italienne catholique lors d'une attaque revendiquée par le groupe jihadiste État islamique. Et deux policiers avaient été blessés en octobre lors d'un attentat revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre le siège du ministère turc de l'Intérieur à Ankara.
Avec AFP